Les débuts du sport à Reims jusqu'en 1939



 

 

Les débuts du sport rémois remontent essentiellement à la Belle Époque même si le premier club rémois à avoir vu le jour, les régates rémoises, est plus ancien puisqu'il a été fondé en 1854 pour organiser des compétitions sur le canal récemment ouvert jusqu'à Reims (voir mon article sur le sujet).

 

Championnat de France d'aviron à Suresnes, régates rémoises, Boizel, 1931, photo de l'Agence de presse Meurice (sur BNF-Gallica).

Il s'agit en fait de René Boizel, arrière petit-fils d'Auguste Boizel, fondateur en 1834 de la maison de champagne éponyme à Epernay. Passionné d'aviron il devient champion de France junior à Suresnes en 1931. Il dirige la maison de champagne familiale de 1945 à 1972.

 

 René Boizel (site internet du champagne Boizel).


A cette époque le sport est plutôt élitiste car essentiellement pratiqué par les classes supérieures qui seules ont le temps et l’argent pour le faire. Cela explique que les premiers sports qui se développent à Reims, outre les régates, sont l’équitation, l’escrime ou le tennis avec le Tennis Club créé en 1903 par Marcel Vitry au parc de la Haubette.

Quant au cyclisme, si à ses débuts il concerne aussi surtout les catégories aisées à cause du prix encore élevé des bicyclettes, il ne tarde pas à toucher les classes moyennes, voire les classes populaires, le coût d'un vélo étant devenu beaucoup plus abordable. A Reims, le succès du cyclisme est favorisé aussi par  la construction en 1893 du vélodrome de la Haubette et par la célébrité acquise par Léon Hourlier.

 

 
 Léon Hourlier sur son vélo (BNF).

Né à Reims en 1885, Léon Hourlier présente un palmarès impressionnant : trois fois champion de France de vitesse, deux fois vainqueur du Grand Prix de Paris, et une fois, en association avec son beau-frère Léon Comès, vainqueur des Six Jours de Paris. Durant la Première Guerre mondiale Léon Hourlier et Léon Comès demandent à passer dans l'aviation et deviennent pilotes.  Les deux hommes sont tués en octobre 1915 quand leur appareil s'écrase accidentellement à Saint-Étienne-au-Temple, dans la Marne. 

 

Reims est aussi un desprincipaux centres de la gymnastique française grâce à Claude-Henry Defrançois (1826-1893), un lyonnais d’origine devenu sous le Second Empire professeur d’escrime et de gymnastique au lycée de Reims. Inventeur d’un extenseur, auteur de manuels de gymnastique et de natation, il donne aussi des cours gratuits de gymnastique populaires aux enfants de l'Hôpital Général, aux apprentis et aux ouvriers.

 

(Bibliothèque municipale de Reims)

 

La Belle Epoque est enfin marquée par le rôle du marquis Melchior de Polignac. Ce dernier qui est à la tête de la maison de champagne Pommery mais qui est aussi un passionné de sports crée en 1907 un Parc des Sports de 22 hectares mis en œuvre par l’architecte-paysagiste Edouard Redont. Ce parc, l’actuel parc de Champagne, est alors une réalisation unique en France. De Polignac y installe un Collège d’Athlètes dirigé par le célèbre Georges Hébert, promoteur d’une méthode de gymnastique naturelle. En octobre 1913 le Collège est inauguré par le Président de la République Raymond Poincaré.


 
 
Vue aérienne du Collège d'Athlètes à la veille de 1914 (Archives municipales et communautaires de Reims).


Manifestation sportive féminine au Parc Pommery (Archives municipales et communautaires de Reims).


Pour le sport rémois, le premier conflit mondial représente une catastrophe à la fois humaine, avec la mort de nombreux sportifs, mais aussi matérielle avec de nombreuses destructions comme celle du parc Pommery qui doit être reconstruit et qui rouvre en 1922 (mais le Collège d'Athlètes, lui, n'est pas reconstruit).

Le début de l'Entre-deux-guerres est marqué par la délocalisation à Reims de l’épreuve de tir à la carabine des Jeux Olympiques de Paris de 1924. Le concours se déroule  au stand de la Société de tir de Reims, installé à Tinqueux, et qui pour l’occasion bénéficie de bâtiments flambant neufs. Plus de 3 500 spectateurs assistent à la compétition.

 

 Le stand de tir, Jeux Olympiques de 1924 (archives de L'Eclaireur de l'Est)


Si durant l'Entre-deux-guerres certains sports, le tennis par exemple, gardent un caractère élitiste on assiste néanmoins à une réelle démocratisation avec le développement des sports collectifs, et  en particulier du football. En 1931 naît le Stade de Reims, qui succède à la Société sportive du Parc Pommery. A l'époque il s’agit d’un club amateur qui obtient deux titres de champion de France amateur, en 1935 et en 1939 De grandes entreprises rémoises se dotent aussi de leur propre club sportif comme le Family Club rémois, créé en 1922 par les Docks Rémois. A partir de 1925 les municipalités dirigées par Paul Marchandeau s’intéressent de plus en plus aux sports qui bénéficient désormais d’un adjoint dédié. De nombreux équipements sportifs sont construits dont le Stade-Vélodrome (qui ne prendra le nom de Stade Delaune qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) ou la piscine Talleyrand.


Appartenant au départ à une société privée la piscine Talleyrand est inaugurée en juillet 1931 mais elle ne devient municipale qu'en 1938 lorsque la mairie la rachète (coll. part).

 

Les débuts des travaux du futur stade-vélodrome de Reims (Bibliothèque municipale de Reims).


Vue générale su stade-vélodrome de Reims tout juste construit (Bibliothèque municipale de Reims)

Terminé fin juillet 1934, il ouvre officiellement  en octobre 1934 de la même année. Son inauguration par le Président de la République Albert Lebrun a lieu le dimanche 2 juin 1935. C'est alors avec 18 000 places un des plus grands stades français.



A proximité de Reims, le circuit automobile de Gueux est fondé en 1926 par le rémois Raymond Roche. D’une longueur totale de 8 kilomètres, il devient rapidement un des plus importants circuits français et accueille en 1932, 1938 et 1939 le Grand Prix de l’Automobile Club de France.
 
 
Grand Prix de l'Automobile Club de France 1932 sur le circuit de Gueux, les voitures au départ, photographie de l'agence de presse Meurisse (BNF-Gallica).
 

Reims se fait enfin une réputation nationale avec des sportifs marquants comme le boxeur Marcel Thil, champion de France des poids moyens en 1928, champion d’Europe en 1929 et 1934, champion du monde de 1932 à 1937.
 
 Marcel Thil, photographie de 1939 (coll.part).
 

Ce n’est donc pas un hasard si, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le grand quotidien sportif L’Auto classe Reims à la 4e place des villes les plus sportives de France.