Jean-Baptiste Clément


 
 
 
 

Portrait photographique de Jean-Baptiste Clément réalisé par Louis-Gustave Leroy (Musée Carnavalet, Paris).
 
 
Jean Baptiste Clément naît en 1836 à Boulogne-sur-Seine en région parisienne. Il est le fils d’un riche meunier avec lequel il rompt, à 14 ans, pour prendre son indépendance. D'abord apprenti chez un garnisseur en cuivre, il exerce ensuite plusieurs autres petits métiers. Malgré cette vie précaire, il écrit des chansons qui commencent à connaître un certain succès et il s’établit à Paris, plus précisément à la Butte-Montmartre qui est alors le rendez-vous des chansonniers. C’est en 1866 qu’il écrit les paroles de sa chanson la plus célèbre, Le Temps des Cerises. Pour la mettre en musique il fait appel deux ans plus tard à Antoine Renard, un ancien ouvrier fondeur devenu chanteur. Le Temps des Cerises est au départ une chanson d’amour et ne deviendra un symbole révolutionnaire que beaucoup plus tard quand, en 1885, Jean-Baptiste Clément dédie sa chanson « à la vaillante citoyenne Louise, ambulancière sur la barricade de la rue de la Fontaine-au-Roi le dimanche 28 mai 1871 ».
 
 
 
(Coll.part).
 
C'est que Jean-Baptiste Clément n’est pas seulement un auteur de chansons sentimentales mais il est aussi un militant politique très engagé à l’extrême-gauche. A la fin du Second Empire, il publie dans des journaux socialistes des textes violemment hostiles à Napoléon III, ce qui lui vaut d’être emprisonné en mars 1870. Libéré au moment de la chute du Second Empire, en septembre 1870, il participe au printemps 1871 au soulèvement de la Commune de Paris et combat sur les barricades. Condamné à mort par contumace, il s’exile, d’abord en Belgique puis en Angleterre. Amnistié en 1879, il rentre en France l’année suivante. Devenu délégué à la propagande de la Fédération des Travailleurs Socialistes, il vient une première fois dans les Ardennes en mai 1885 pour soutenir une grève que des ouvriers de Château-Regnault mènent contre leur patron Alexandre Maré. Ce dernier, qui est aussi maire de la ville, entend leur interdire de fonder un syndicat alors que la loi l’autorise depuis déjà un an. Jean-Baptiste Clément en profite pour fonder la Fédération des Travailleurs Socialistes des Ardennes. 
 
Il revient en 1888 dans le département où il va rester six ans, déployant une activité considérable au sein du prolétariat ardennais. Fin 1888, il fonde un hebdomadaire, L'Emancipation (devenu l’Emancipateur trois ans plus tard). Il en rédige la plupart des articles dans la chambre qu’il loue à Charleville, rue de Gonzague. Sous son impulsion, la Fédération des Travailleurs Socialistes des Ardennes devient l'une des plus importantes de France avec 14 000 militants. Tout cela lui vaut d’être arrêté en mai 1891 et d’être condamné à 2 ans de prison et 5 ans d’interdiction de séjour dans les Ardennes. Finalement, devant la vague de protestations qui s’ensuit, l’interdiction de séjour est levée et la peine de prison réduite à deux mois qu’il purge à Nancy pour éviter que des troubles n'éclatent à Charleville. Revenu à Charleville, Jean-Baptiste Clément continue son action politique. Il doit affronter l’opposition constante du patronat, de la police et de l’Église catholique mais il est aussi en butte à une certaine hostilité venant de certains ouvriers ardennais peu enclins à accepter la discipline organisationnelle que Jean-Baptiste Clément voudrait leur imposer.
 
Aussi, malade et épuisé, Jean-Baptiste Clément quitte les Ardennes en décembre 1894. Il est quelque temps employé municipal à Saint-Denis, première ville française à avoir élu un maire socialiste, puis il devient collaborateur du journal socialiste La petite République. Son dernier article paraît le 23 février 1903, le jour même de son décès, et il s’agit d’un appel à soutenir l’ardoisière coopérative ouvrière de Rimogne dans les Ardennes. Il est inhumé le 25 février 1903 en présence de 4 à 5 000 personnes. Parmi les hommages qui lui sont rendus figure celui du représentant de la loge maçonnique L'Evolution sociale dans laquelle il avait été initié.
 
 
 

Le seul buste existant représentant Jean-Baptiste Clément, se trouve à Nouzonville. Commandé par la municipalité communiste de la ville au sculpteur ardennais Élie Badré, il est inauguré en juin 1937 (Coll.part).