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Un Conventionnel rémois, Jean-Baptiste Armonville

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    Jean-Baptiste Armonville naît à Reims, le 18 novembre 1756, dans une famille pauvre. Son père, après avoir été soldat sous le surnom de Saint-Amour, est devenu ouvrier sergier. Orphelin de mère à quatorze ans, Jean-Baptiste Armonville perd aussi, peu de temps après, son père. Il est alors recueilli par deux oncles et devient cardeur en laines. Malgré la dureté de sa condition il parvient à apprendre à lire et à écrire même si c'est de manière assez limitée. Il a aussi la charge de ses cinq enfants qu’il doit même abandonner provisoirement à l’Hôtel-Dieu de Reims, après le décès de sa femme. En 1789, Jean-Baptiste Armonville adopte immédiatement les idées révolutionnaires et anime les réunions populaires qui ont lieu à l’ancien couvent des Minimes, en plein quartier Saint-Remi qui est celui de l’industrie lainière rémoise. Son influence sur les ouvriers de la laine apparaît en pleine lumière dans l’été 1792 quand la guerre menace la frontière de l’Est. Le 4 juillet 1792, à la

L’abbaye bénédictine de Mouzon dans les Ardennes

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           Dessin de Tassin, vers 1638 (Archives départementales des Ardennes)  Plan de la ville et chasteau de Mouzon, 1631 (Gallica-BNF)   La ville de Mouzon, du latin Mosomagus qui signifie "le marché sur la Meuse", remonte à la période gallo-romaine. Elle s’est installée au croisement de la Meuse et de la voie romaine qui va de Reims à Trèves. Au Moyen-Age, elle se trouve sous l’autorité des archevêques de Reims. Un premier monastère de moniales bénédictines semble avoir été établi à Muizon au VIIe siècle mais il est ravagé au IXe siècle, d’abord par les Normands puis par les Hongrois. Un peu plus tard, Hervé, archevêque de Reims de 900 à 922, installe une communauté de chanoines qui, assez vite, ne respectent plus les règles. C’est finalement Adalbéron, archevêque de Reims de 969 à 989, qui rétablit à Mouzon une communauté bénédictine, d’hommes cette fois, pour assurer le culte des reliques des deux saints locaux qui y sont conservées, Victor de Mouzon (mor

Simon Linguet

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        Portrait de Simon Linguet attribué à Marie-Thérèse Laperche, 1787 (Musées de Reims) . Relativement méconnu aujourd’hui, ce Rémois qui a eu une existence tumultueuse et à la fin tragique a pourtant bénéficié d’une grande renommée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Simon Linguet naît à Reims le 14 juillet 1736 d’un père greffier et fait de brillantes études d'abord au collège de Beauvais puis à Paris. Devenu secrétaire du duc de Deux-Ponts il accompagne ce dernier dans plusieurs pays d’Europe. De retour de ces voyages, il s’installe en 1764 comme avocat et défend des causes fameuses.        Simon Linguet par Augustin de Saint-Aubin, 1773 (Musées de Reims). Cette estampe a été réalisée lors du procès retentissant intenté à Jean-François-Charles de Molette, comte de Morangiès , pour des reconnaissances de dettes non honorées. Défendu par Simon Linguet, le comte est finalement acquitté. Pour l'anecdote, des années plus tard, le même personnage sera encore au cœ

Une ferme modèle ardennaise à la fin du XIXe siècle

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  (J’ai largement utilisé pour cet article le petit ouvrage d’Eugène Fagot, La Ferme de la Haute-Maison : monographie, paru en 1882 et conservé à la Bibliothèque Carnegie de Reim s) .   Eugène Fagot naît le 10 novembre 1859 à Saulces-Monclin. Il a hérité de son père, Jean-Baptiste Fagot, deux passions celle de l'agriculture et celle de la chose publique. En effet, ce père, propriétaire de la ferme de la Haute-Maison, sur la commune de Mazerny près de Poix-Terron, accumule prix et récompenses dans les comices et concours agricoles. Il est aussi maire de Mazerny et député des Ardennes de 1885 à 1889.      La commune de Mazerny appartient à l'époque au canton d'Omont  (à celui de Nouvion-sur-Meuse depuis la réforme de 2014). La Haute-Maison figure à la pointe sud-ouest de cette carte extraite de l'Atlas des Ardennes de 1839 (Archives départementales des Ardennes).   La commune de Mazerny qui a 400 habitants en 1850 en compte 300 à la toute

La réconciliation franco-allemande à Reims

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    Le 8 juillet 1962 le général de Gaulle et le chancelier de la République fédérale d'Allemagne Konrad Adenauer viennent à Reims sceller la réconciliation franco-allemande. En septembre 1958, revenu au pouvoir comme dernier Président du Conseil de la IVe République et pas encore comme Président de la Ve République, ce qu’il ne sera qu’à la fin de l’année, le général de Gaulle avait invité le chancelier allemand à sa propriété de la Boisserie à Colombey-les-Deux-Eglises. Cependant même si l’évènement avait été largement médiatisé, il était d’ordre privé. Il en va tout autrement en 1962. Konrad Adenauer effectue alors un voyage officiel de sept jours qui a commencé à Paris puis s’est poursuivi à Rouen et Bordeaux et dont la visite finale à Reims constitue le moment le plus fort. Le choix de Reims par le général de Gaulle, très attaché à la symbolique des lieux, est assez évident : il s’agit de la ville-martyre de 14-18 mais aussi celle où a été reçue la capitulation allemande de

la visite du général de Gaulle en avril 1963

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  Avec le général de Gaulle les visites présidentielles changent de nature car il n’entend pas se cantonner, comme il le dit, "à inaugurer les chrysanthèmes". Elles servent à retremper sa légitimité par le contact avec le peuple, seule source du pouvoir en République. Ce changement de nature se manifeste de plusieurs manières. Il y a tout d’abord la systématisation des déplacements présidentiels qui, en 11 ans de présidence, vont couvrir la totalité du territoire national. La Champagne-Ardenne est ainsi visitée dans sa totalité du 22 au 28 avril 1963. C’est le 18 e voyage de de Gaulle depuis 1958. Les déplacements présidentiels sont ensuite soigneusement préparés. Les préfectures doivent envoyer à Élysée des dossiers sur les lieux qui seront visités ainsi que sur les personnalités locales. Avant le voyage, les parlementaires de la majorité sont approchés pour connaître leurs principaux souhaits. Ainsi, début 1963, le député gaulliste des Ardennes Robert Noiret demande une mo

Visites présidentielles liées aux deux guerres mondiales

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  Les visites de Raymond Poincaré   Au cours de la Première Guerre mondiale, le p résident de la République,  Raymond Poincaré, se déplace quatre fois à Reims alors sous le feu des canons allemands. Les deux premières visites sont rapides. Le 13 décembre 1914 Raymond Poincaré effectue une courte visite d’une heure et demie environ , laissant à son départ 5 000 francs pour les pauvres. Fin juin 1915, il revient brièvement à Reims après avoir rencontré le général Franchet d’Espérey à son quartier-général de Jonchery-sur-Vesle. Par contre ses deux visites de 1917 présentent un relief particulier. Le dimanche 17 juin 1917 Raymond Poincaré vient remettre la Légion d’Honneur à plusieurs personnalités rémoises . La cérémonie se déroule dans le cellier d’expédition de la maison de champagne Werlé, 6 rue de Mars, où les services de la mairie se sont installés depuis l’incendie de l’hôtel de ville de mai 1917. Le président de la République, arrivé à 14h30 en voiture, est accompagné d’un