Le
siège de Mézières en 1521 se place dans le contexte de la 6e guerre
d’Italie, de 1521 à 1525, et qui oppose essentiellement le roi de France François 1er et Charles-Quint à la fois roi d'Espagne et empereur du Saint Empire
romain germanique. En juin
1521, les troupes de Charles Quint envahissent
le nord-est
de la
France. Dans l’été,
la ville
de Mouzon
est prise
par les
Impériaux et
la Champagne
menacée. Le dernier obstacle à l’invasion se trouve être la place de
Mézières, ce qui explique que François 1er y envoie Pierre du Terrail, chevalier de Bayard, pour la défendre. Mais les remparts de la ville, datant du XIIIe siècle, sont en
partie effondrés et Bayard n’a à sa disposition que 2
000 hommes sans aucune artillerie. Le premier souci du chevalier
est de faire réparer les remparts par ses soldats, n’hésitant
pas, pour les encourager, à mettre lui-même la main à l'ouvrage.
Histoire du chevalier Bayard racontée à mes enfants, ouvrage de Théodore Cahu, illustré par Paul de Sémant et paru en 1888 (Gallica-BNF).
Mais bientôt un général de Charles Quint, le comte de Nassau, vient s'installer avec 20 000 hommes (des Flamands) sur la rive droite de la Meuse. Puis un autre lieutenant de l’empereur, le chevalier de Sickingen, franchit la Meuse avec 15 000 soldats (des Allemands) pour s’établir sur la rive gauche du fleuve. A la mi-septembre 1521 Mézières est totalement assiégée.
Plan du début du XVIIIe siècle. On y voit les positions des armées de Charles Quint et leurs mouvements vers la ville (Archives départementales des Ardennes).
Le siège de Mézières, illustration de Gustave Toudouze, 1901(coll.part).
Le comte de Nassau envoie un messager à Bayard pour lui demander de capituler. Bayard répond qu’il espère tenir si longtemps que les assiégés se fatigueront avant lui. Les Impériaux bombardent alors la ville pendant trois semaines, entraînant la désertion d’une partie des troupes qui défendent Mézières. Bien conscient qu’il ne pourra pas résister au double assaut des armées assiégeantes, Bayard décide d’utiliser un stratagème.
Sachant qu’il existe une inimitié profonde entre le comte de Nassau et le chevalier de Sickingen, le second ayant beaucoup de mal à accepter l’autorité du premier, il écrit une lettre contenant de fausses informations et prétendument adressée à Robert de La Marck, seigneur de Sedan et soutien de François 1er :
« Monseigneur vous m’avez dit que vous désiriez amener le comte de Nassau, votre ami, au service du roi de France. Si vous croyez réussir faites-le dès aujourd’hui. S’il accepte, j’en serai fort aise. Mais s’il refuse avertissez le que lui et son camp seront attaqués dès demain par une armée de secours ».
Bayard confie la lettre à un paysan en lui demandant de la porter à Sedan mais escomptant bien qu’il soit intercepté en route par les hommes de Sickingen. C’est effectivement ce qui arrive et à la lecture de la lettre Sickingen, furieux, en déduit que Nassau est sur le point de le trahir. Méfiant, il décide de faire repasser la Meuse à ses troupes et de se porter à côté de celles de Nassau pour les surveiller. Du coup la rive gauche de la Meuse est libre ce qui permet aux Français de ravitailler Mézières et d’y amener des renforts.
Le siège se poursuit encore quelques semaines mais, désunies, les troupes impériales lèvent le siège le 27 septembre et le 30 septembre le roi François Ier entre dans Mézières dont la résistance a stoppé l’avance des Impériaux.
Beaucoup plus tard, le 30 juillet 1893, est inaugurée à Mézières une statue en l’honneur du "chevalier sans peur et sans reproche" (Archives départementales des Ardennes).
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