Le développement de la métallurgie est lié à la présence, dans le nord des Ardennes, de minerai de fer pour
la matière première, de la forêt pour le combustible et de l’eau
pour
l’énergie.
A la fin du XVe siècle
des
artisans liégeois
introduisent
dans
les
Ardennes la fabrication de clous forgés à la main. Au début
du
XIXe
siècle,
on
compte
plusieurs
milliers
d’"ouvriers
à
faire
les
clous"
qui
travaillent
dans
leur propre atelier appelé « boutique ».
Un des derniers cloutiers à la main dans la vallée de la Semoy à la Belle Epoque. Dans l'atelier se trouve la forge dont le feu est entretenu par un soufflet mis
en mouvement par une
roue
dans
laquelle
se
meut
un
chien.
Le
cloutier
façonne
les
clous
au
marteau
sur
une
enclume (Archives départementales des Ardennes).
Jusque dans les années 1830, il s’agit d’une proto-industrie qui concerne surtout les villages de la vallée de la Semoy, comme Hautes-Rivières, de la vallée de la Goutelle, comme Gespunsart, ou de celle de la Meuse, comme Bogny-sur-Meuse. Mais, à partir de cette date, la clouterie à la main doit affronter la concurrence de la clouterie mécanisée. Les deux premiers établissements qui utilisent des machines à fabriquer les clous sont ouverts, l’un à Mézières, l’autre à Charleville. D’autres ne tardent pas à suivre dans plusieurs localités ardennaises. Une seule machine est capable de produire autant que 20 cloutiers à la main. Du coup, le nombre de ces derniers décline inexorablement malgré des révoltes parfois violentes comme celle qui a lieu en février 1847 dans les villages de la vallée de la Semoy.
La métallurgie ardennaise, devenue industrielle, diversifie ses produits : outre les clous, elle fabrique désormais des boulons, des vis, des plaques de fonte pour les cheminées, des fers à repasser en fonte. Un exemple remarquable nous en est donné par l’entreprise Camion-Frères, établie à Vivier-au-Court.
Catalogue Camion-Frères de 1930 (coll.part).
Les établissements Camion-Frères au début du XXe siècle (Archives départementales des Ardennes).
En 1820, Pierre-Louis Camion achète un ancien moulin à farine utilisant l’énergie hydraulique. Il s’en sert pour polir et aiguiser des instruments de ferronnerie. Progressivement, se développe un véritable ensemble usinier. Entre 1820 et 1936, la superficie bâtie est multipliée par 36. En 1850 une machine à vapeur de 20 chevaux remplace la roue à aubes. Après 1870 elle est elle-même remplacée par deux machines à vapeur de 150 chevaux. En 1914, Camion frères emploie 580 ouvriers et son catalogue propose 4000 articles tant de ferronnerie que de quincaillerie. L’entreprise est fermée pendant la Première Guerre mondiale mais elle reprend ses activités en 1919 avant de connaître une nouvelle extension de ses installations dans les années 1930. Au début des années 1970, 260 ouvriers y travaillent encore qui produisent 12 000 articles de quincaillerie. Mais, en 1979, l’entreprise ferme. Elle est reprise par l’entreprise LARA qui disparaît à son tour en 1989. Les bâtiments les plus récents sont alors repris par la Société de fonderie Bernard Huet qui fait partie aujourd'hui du groupe Invicta.
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