Le Vieux Moulin de Charleville en 1886 par Albert
Capaul
(Archives
Départementales des Ardennes).
En 1606, Charles de Gonzague décide de fonder une cité nouvelle, Charleville, dont, deux ans plus tard, il fait la capitale de sa principauté d’Arches (cf. l’article de mon Blog sur l’histoire de Charleville). La population de la ville s’accroissant, les besoins en farine augmentent. Or il existe seulement trois petits moulins qui appartiennent à des particuliers et dont deux sont situés en dehors de la ville. Aussi, Charles de Gonzague exige-t-il que soit construit un grand moulin banal où tous les habitants de Charleville auront l’obligation de faire moudre leurs grains en payant une redevance au prince. Sa construction commence en avril 1626 et il est mis en service dès l'année suivante.
"Charleville, sur le bord de la Meuze dans la principauté souveraine Darches", plan de 1700 (Gallica-BNF). Le moulin s’intègre parfaitement dans la ville et constitue une sorte de quatrième
porte, les trois autres (vraies) portes étant
la porte de France, celle de Flandres et celle de Luxembourg,
Partie intégrante de la muraille fortifiée du quai de Meuse, le moulin est posé sur un soubassement qui le rehausse pour faire pendant à la Porte de France.
(Archives départementales des Ardennes).
Le bâtiment est constitué de deux corps joints, l’un à deux étages et le second en rez-de-chaussée. La façade qui donne sur la rue est construite en pierre de Dom-le-Mesnil pour les angles et les encadrements avec un remplissage en briques. Quatre colonnes ioniques donnent de la monumentalité à l’entrée. Les autres côtés sont faits de pierres et de briques mêlées. En haut du bâtiment se trouve un fronton triangulaire et, au-dessus, une haute toiture en ardoises surmontée d’un clocheton. La partie inférieure comporte deux arches qui enjambent le bras de Meuse et où sont logées les deux immenses roues à aubes entraînées par le mouvement du fleuve et qui donnent leur mouvement aux meules du moulin.
Le moulin fonctionne à la satisfaction générale jusqu’à la nuit du 2 au 3 juillet 1754 où il est la proie des flammes. Cependant, reconstruit à l’identique, il peut recommencer à fonctionner à partir de 1756. En septembre 1793, le moulin, propriété jusqu’alors du Prince de Condé, est mis en vente comme Bien national. Acheté d’abord par Jean-François Lhoste, un marchand tanneur de Charleville, il passe par la suite aux mains de propriétaires successifs.
Cependant, après la guerre de 1870, plusieurs aménagements sur la Meuse, notamment un barrage, réduisent l’arrivée d’eau au moulin et compromettent son bon fonctionnement ce qui amène la municipalité à devoir indemniser ses propriétaires. En 1887 le moulin cesse toute activité et, en 1893, il est racheté par la ville de Charleville qui le fait réaménager. Le rez-de-chaussée devient une salle de réunion pour la Chambre de Commerce. Quant aux étages ils abritent différentes sociétés locales : la Société d'Histoire Naturelle des Ardennes, la Société Colombophile, diverses sociétés patriotiques et même la fanfare municipale.
En 1959 la mairie de Charleville décide de convertir le moulin en musée, entraînant le déménagement des sociétés locales qui y étaient encore installées. Au départ il s’agit d’un Musée de la vie ardennaise. Par ailleurs il existe à ce moment-là un Musée Rimbaud, créé en 1954 pour le 100e anniversaire de la naissance du poète, et qui est installé dans l’ancienne chapelle des Dames du Sacré- Cœur. C’est en 1969 que ce musée Rimbaud est transféré au 2e étage du Vieux Moulin. A la fin des années 1980 un projet est mis en route pour créer un grand musée consacré à l’Ardenne. L’aboutissement en est, en 1994, l’ouverture du Musée de l’Ardenne Place Ducale. A partir de cette date, le Musée Rimbaud, réaménagé en 2009, occupe seul le bâtiment du Vieux moulin.
Commentaires
Enregistrer un commentaire