Pierre Cauchon est surtout connu pour avoir mené le procès de Jeanne d’Arc, lequel a abouti à la mort de cette dernière sur le bûcher le 30 mai 1431, place du Vieux marché à Rouen. Cet épisode tragique a définitivement noirci la mémoire de Pierre Cauchon mais il a aussi largement éclipsé l'homme et sa carrière.
Pierre Cauchon naît à Reims vers 1371. Il appartient à l’une des plus riches et des plus puissantes familles de la bourgeoisie rémoise. Après avoir commencé ses études à Reims, il les poursuit à l’Université de Paris. Entré dans les ordres, ce jeune homme, intelligent et ambitieux, cherche comme beaucoup d’autres à trouver un puissant protecteur qui lui assure sa carrière. En 1409, il entre au service du duc de Bourgogne Jean sans Peur.
Portrait de Jean sans Peur (Musée du Louvre). Avec la démence du roi de France, Charles VI, qui a débuté en 1392, deux hommes vont s'opposer pour dominer le conseil de régence, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et oncle du roi, d'un côté et Louis d'Orléans, frère du roi, de l'autre. En 1404 Philippe le Hardi meurt et son fils Jean sans Peur lui succède. Ce dernier fait assassiner à Paris, en 1407, Louis d'Orléans, épisode qui est le début en pleine guerre de Cent ans, d'une guerre civile de trente ans entre les Armagnacs (partisans du Dauphin, fils de Charles VI) et les Bourguignons.
Le choix du camp bourguignon par Pierre Cauchon n'est en rien étonnant puisqu'il est aussi celui de l'Université de Paris à laquelle il appartient, et des bourgeoisies urbaines de la plupart des villes du nord de la Loire, dont Reims fait partie. Après l'assassinat, en 1419, de Jean sans
Peur, Pierre Cauchon soutient l’alliance que passent alors les
Bourguignons et les Anglais. L’année suivante, il participe à la
rédaction du traité de Troyes qui prévoit qu’à la mort du roi
de France Charles VI, son trône passe au roi
d’Angleterre, déshéritant
par conséquent
le fils
de Charles
VI, le
Dauphin. Une grande partie des dirigeants rémois, à commencer par le
capitaine de la ville, le sire de Chastillon, se rallie
aussi au traité de Troyes. Pierre Cauchon est récompensé de
son soutien
au camp
anglo-bourguignon en
étant nommé
évêque de
Beauvais, ville alors
dans l’aire
d’influence anglaise.
Mais, en juillet 1429, Jeanne d’Arc réussit à amener le Dauphin à Reims pour se faire sacrer. Les Rémois, sentant le vent tourner, se rallient à celui qui est désormais le roi Charles VII. Quelques semaines plus tard, ce sont les habitants de Beauvais qui se rallient aussi à Charles VII et chassent leur évêque. Pierre Cauchon, resté fidèle à son choix politique, se réfugie alors auprès des Anglais à Rouen. Lorsque, en 1430, Jeanne d’arc est capturée par les Bourguignons devant Compiègne, puis vendue par ces derniers aux Anglais, Pierre Cauchon est de ceux qui négocient son achat. Il obtient aussi de présider à Rouen le procès de la Pucelle, arguant du fait que Compiègne se trouve dépendre du diocèse de Beauvais dont il se dit toujours le titulaire en titre.
Jeanne d'Arc présentée à Pierre Cauchon et à ses assesseurs (BNF). Le procès se déroule de janvier à mai 1431. Le tribunal déclare Jeanne d’Arc hérétique et relapse et la condamne à être brûlée vive le 30 mai 1431.
Après le procès et la mort de Jeanne d’Arc, pour lesquels il n’a jamais manifesté de remords, Pierre Cauchon, devenu évêque de Lisieux, reste au service des Anglais et poursuit une brillante carrière de conseiller du roi d’Angleterre, jusqu'à sa mort en décembre 1442.
Le procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, voulu par Charles VIII et qui se tient de 1455 à 1456, constitue une condamnation implicite de Pierre Cauchon malgré les résistances de l’épiscopat à mettre en cause un des siens. L'image de Pierre Cauchon ne se relèvera jamais de cet épisode. Cela dit, si l’évêque a indéniablement servi les intérêts des Anglais, il est simplificateur, étant donné le contexte de l’époque, d’en faire un traître absolu. Il faut aussi comprendre que, pour Pierre Cauchon, Jeanne d’Arc doit être condamnée (et semble-t-il sans qu’il ait désiré à tout prix sa mort) car elle met en danger l’ordre établi, aussi bien celui de la hiérarchie ecclésiastique (en affirmant que Dieu lui parle directement) que celui d’un pouvoir politique que lui juge légitime.
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