La première mention de la Couture figure dans une charte de 1183 de l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains. Celui-ci, désireux de développer sa ville, décide de lotir des terrains qui portent des cultures maraîchères (d'où le nom de couture, c'est à dire culture en ancien français) au sud de la cathédrale. Il accorde nombre de facilités à ceux qui voudraient s'y installer et, rapidement, tout un monde de charpentiers, de charrons et de
tonneliers vient y habiter. Un nouveau quartier se développe qui se dote de son église, l’église
Saint Jacques. Au centre de ce quartier est édifiée une vaste place conçue pour les foires. Elle est suffisamment large pour pouvoir abriter des étaux pour les commerçants et les habitants reçoivent le droit de construire devant leur maison des loges, c'est à dire des portions de galeries s’ouvrant largement sur le dehors. L'archevêque y transfère la foire de Pâques qui se tenait jusque-là dans un champ, à la périphérie de Reims, près de la maison des lépreux.
La Couture où se fait la foire abrite la plus grande foire de Reims qui se tient durant huit jours à partir du jeudi suivant Pâques. Là se trouve aussi le marché du bois ainsi que les métiers qui utilisent ce matériau comme les tonneliers et les charpentiers. Le marché au vin se tient, lui, dans une rue perpendiculaire, la rue de l'Etape.
Bateleurs sur une estrade, estampe (BNF-Gallica).
La sécurité pendant les foires est une grande préoccupation échevins, en particulier les risques d’incendie contre lesquels ils prescrivent aux habitants de conserver chez eux des récipients remplis d’eau et de surveiller constamment cheminées, chandelles et bougies.
La place de la Couture est aussi le lieu des grands évènements rémois.
Au milieu du XIXe siècle, la place de la Couture devient la place d'Erlon, prenant le nom de ce Rémois, né en 1765, fils de serrurier, simple soldat devenu maréchal d’Empire puis Gouverneur de l’Algérie et décédé en 1844. Pour lui rendre hommage une statue est érigée et inaugurée le 29 octobre 1849.
Le 15 juillet 1906 est inaugurée en présence de Léon Bourgeois, ministre des Affaires étrangères et sénateur de la Marne, une fontaine monumentale financée par les 200 000 francs qu'un riche négociant rémois, Gustave Subé, avait prévus à cet effet dans son testament.
La pose de la première pierre le 23 mai 1905 (Bibliothèque municipale de Reims).
Œuvre d’André Narjoux, le monument de 17 mètres de hauteur est en pierre de Corgoloin (Côte d'Or). Au sommet se trouve une Victoire ailée en bronze du sculpteur Paul Gascq que les Allemands démonteront en 1942 pour en récupérer le métal. Une réplique agrandie, en résine dorée, a été mise en place en décembre 1989. Si, en raison du faible débit des sources rémoises, la a fontaine n'a longtemps que très peu fonctionné, il n'en est plus de même aujourd'hui avec la mise en place d’un circuit fermé pour l'alimenter en eau (Archives municipales de Reims).
Au lendemain du premier conflit mondial, la place d'Erlon est en ruines. Seule la fontaine Subé est quasiment intacte, photo de 1919, agence Roll (BNF-Gallica).
La place au début de sa reconstruction, photographie de 1923 (Archives municipales de Reims).
La place à la fin
des années 1930 ; la Victoire ailée de la fontaine Subé est toujours en place (Archives municipales de Reims).
La place vers 1960 ; la Victoire ailée de la fontaine Subé a disparu (Archives municipales de Reims).
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