Adolphe Clément naît en septembre 1855 à Pierrefonds dans l’Oise. Son père est un modeste épicier. Le jeune Adolphe se forme par ses propres moyens à la serrurerie et à la mécanique en effectuant son tour de France. Il se passionne pour la bicyclette qui est une invention récente et participe aux premières courses cyclistes. Mais il entend créer sa propre entreprise et ouvre, en 1878, un atelier de fabrication de cycles à Paris sous la marque "Le Clément". Très vite le modeste atelier prospère et en 1886 Adolphe Clément est le plus important constructeur de cycles français.
Un tournant se produit en 1890 quand il acquiert la licence du pneu Dunlop. En devenant le représentant exclusif en France de l'entreprise, il réussit un coup de maître qui lui rapporte une fortune. Toujours prompt à réinvestir son argent, il fait alors construire deux usines pour construire ses bicyclettes. La première, la plus importante et que l’on peut considérer comme l’usine-mère, est édifiée à Levallois, en banlieue parisienne.
l'usine principale à Levallois, photo de l'agence Rol (Gallica-BNF).
La seconde, destinée à produire des pièces de fonderie moulées, est construite à
Mézières dans les Ardennes. C'est la Macérienne. Trois raisons
expliquent le choix du site ardennais. D’abord le faible prix du
terrain puisqu’il s’agit de terrains militaires déclassés ;
ensuite la possibilité d’utiliser la force hydraulique ; enfin la
tradition métallurgique de la main d’œuvre locale. L’usine de Mézières est
édifiée de 1894 à 1897, puis agrandie entre 1902 et 1914.
En 1897, Adolphe Clément se lance aussi dans l'automobile naissante. en s’associant à Gladiator, un autre fabricant français de cycles. De cette association naît la voiturette Clément-Gladiator.
La voiturette Clément-Gladiator est équipée d’un moteur bicylindre de 8 cv placé en position arrière sur un chassis en bois (BNF-Gallica).
Adolphe Clément devient un constructeur automobile important. En 1907, l’usine de Levallois, avec ses 900 machines-outils, produit 1 800 voitures qui utilisent les pièces venues de la Macérienne.
Les modèles se diversifient et vont de la voiturette de 2 cylindres et 10 chevaux à la puissante automobile de 60 chevaux, agence Rol (BNF-Gallica).
Un changement significatif intervient en 1903 quand, le partenariat avec Gladiator étant rompu, Adolphe Clément doit modifier l’appellation des voitures qu’il commercialise. Un jour, de passage à sa fonderie de Mézières, il trouve l'inspiration. Comme face à son usine trône une statue du chevalier Bayard, ses voitures seront désormais commercialisées sous le nom de Bayard-Clément puis Clément-Bayard quand, en 1909, il obtient le droit d’ajouter le suffixe Bayard à son patronyme.
La statue du chevalier Bayard, devient l’emblème de la nouvelle société, affiche de 1906 (Gallica-BNF).
Les voitures Clément-Bayard se distinguent aussi en course avec, en point d’orgue, la victoire au Tour de France automobile en 1908. Mais la compétition automobile est malheureusement aussi synonyme de tragédie pour Adolphe Clément qui perd son fils Albert lors d'un accident en 1907 .
Toujours intéressé par les nouveautés dans le domaine des déplacements, Adolphe
Clément se lance encore dans la construction aérienne.
6 dirigeables Clément-Bayard seront construits. Le 16 octobre 1910, le Clément-Bayard-II (78 m de long) est le premier dirigeable à traverser la Manche, en parcourant en 6 heures le trajet de Breuil-le-Sec (Oise) à Londres (390 km), à la vitesse moyenne de 65 km/h. La photo représente le Clément-Bayard-V en vol (86 m de long). Il est vendu à la Russie au printemps 191, photo de l'agence de presse Rol (BNF-Gallica).
Adolphe Clément-Bayard construit aussi, pour répondre à des concours lancés par l'armée, des prototypes d'avion, comme ce monoplan, photographié en 1912 sur le terrain d' Issy-les-Moulineaux. Cependant, il n'essuie que des déconvenues, les militaires choisissant des appareils concurrents, notamment ceux de Gabriel Voisin ou de Louis Blériot (BNF-Gallica).
A la veille de la Première mondiale, Adolphe Clément-Bayard, tout en conservant la propriété de son entreprise, en laisse la direction effective à son fils Maurice. Le conflit met la firme Clément-Bayard en difficultés. En
août 1914, la Macérienne est occupée par les
Allemands. Toutes les machines-outils sont démontées et envoyées
en Allemagne. L’atelier de mécanique est transformé en hôpital
militaire. Quant à la fonderie, elle est démantelée et sert de
manège hippique pour l’état-major allemand de Mézières. Quant à l'usine de Levallois, pour se maintenir, elle produit des obus pour l'armée française.
Après le premier conflit mondial, les automobiles Clément-Bayard, peu adaptées au nouveau contexte, se vendent mal. En 1921, les comptes de la société étant au plus bas, celle-ci doit licencier une partie de ses ouvriers. Adolphe Clément-Bayard cède finalement son usine de Levallois à André Citroën. Il décède d’une crise cardiaque en 1928. Quant à l’usine de la Macérienne, elle reste aux mains de la Société Anonyme des Etablissements Clément Bayard. Mais elle se réoriente dans la construction d'engins agricoles et de travaux publics sous licence américaine.
Maurice Clément-Bayard passe en 1925 un contrat avec une société américaine qui fabrique des tracteurs à chenilles sous la marque Cletrac. Ici un modèle photographié dans les années 1920 (coll.part).
Cependant, à partir des années 1960, l'entreprise connaît des difficultés croissantes ce qui amène le
petit-fils d’Adolphe Clément-Bayard à se retirer en 1975.
Après une tentative de reprise par quelques cadres, la Macérienne ferme définitivement ses portes en 1984.
En
1878, Gustave Adolphe Clément fonde Clément et Cie à Paris pour
fabriquer des cycles. En 1894, il crée trois usines, dont La
Macérienne à Mézières. L’entreprise se tourne vers l’automobile
en 1897, devient Clément-Bayard en 1904, puis se spécialise après
1919 dans la fonderie, les machines (tracteurs, pelleteuses) et le
traitement des métaux.
L’usine, employant 650 personnes
en 1938, utilise des technologies avancées pour produire son
énergie, avec des turbines et centrales électriques. Fermée en
1984, elle abrite depuis les années 2000 les services municipaux de
Charleville-Mézières.
Ses bâtiments, construits entre
1894 et 1959, témoignent de l’architecture industrielle avec des
structures en moellons, briques et charpentes métalliques.
Gustave Adolphe Clément fonde l'atelier de construction de cycles Clément et Cie à Paris en 1878. Après s'être défait de cette société, il fait construire trois usines, dont une à Mézières en 1894 dénommée La Macérienne, afin d'y produire des pièces pour cycles. Dès 1897, Clément se tourne vers l'automobile et en 1904 son entreprise devient la firme Bayard-Clément puis Clément- Bayard. Le matériel de l'usine est totalement démantelé lors de la Première Guerre mondiale. En 1919, la firme change de raison sociale pour devenir Société Anonyme des Ets Clément Bayard et organise sa production vers la fonderie (fonte malléable, acier coulé) , la construction mécanique d'engins sous licence (tracteurs, pelleteuses) , le rayonnage et le traitement de surface des métaux. Le fondateur décède en 1928, son fils lui succède jusqu'à sa mort en 1930, puis son petit-fils, et enfin M. Dumont jusqu'en 1975. L'usine, un temps reprise par des cadres, ferme ses portes en 1984. Le site est actuellement désaffecté et seul les anciens bureaux accueillent depuis les années 2000 les services municipaux de la Ville de Charleville-Mézières. La construction de l'ensemble usinier s'effectue en 12 tranches échelonnées de 1894 à 1959. L'usine originelle comportait l'atelier de mécanique (édifié par l'architecte L. Dardenne) , le logement patronal, la salle des machines (turbines) édifiés en 1894, le bâtiment administratif en 1895-96, la fonderie initiale en 1896, la seconde salle des machines (à vapeur, actuellement détruite) en 1896-97, le magasin et atelier de nickelage en 1896- 97 ; puis dans des phases ultérieures : le nouvel atelier mécanique en 1903-1904 (agrandi en 1907 et 1930) , l'atelier de sablage meulage en 1904-1905, la centrale électrique avec turbine à vapeur en 1905, le magasin général remplaçant l'ancienne fonderie en 1909-1910. Les bâtiments élevés après cette date ont été détruits pour la plupart après la fermeture de l'usine en 1984. La production d'énergie initiale est assurée par une turbine Fontaine dans la salle des machines accolée à l'atelier de mécanique mais étant donné l'insuffisance de la puissance fournie, elle est épaulée par une seconde salle (1897-1901) où sont installées deux machines à vapeur de marque William et Robinson qui actionnent des groupes électrogènes. Face aux coûts engendrés, Clément décide en 1900 d'installer dans la première salle des machines deux groupes composés de turbines Teisset Brault Chapron, du type Fontaine à axe vertical de 140 ch., de multiplicateurs et de dynamos Hillairet Huguet à courant continu 120 volts/ 750 ampères. En 1924, ce matériel est remplacé par des turbines identiques à celles installées, au même moment, à la Centrale Mazarin (IA08000365). En 1905, une centrale électrique est construite pour recevoir le courant produit par la centrale Mazarin et celui produit par une machine à vapeur installée à l'intérieur de l'usine. De marque Garnier Faure Beaulieu, cette dernière développait 600 ch. Elle entraînait une génératrice de la Compagnie Electricité de Liège. La vapeur était produite par deux chaudières Babcock et Wilcox de 205m2 chacune. L'usine emploie 650 personnes en 1938 et 215 en 1942.
Gustave Adolphe Clément (1855-1928) installe une usine de fabrication de pièces pour cycles en 1894 à Mézières. L’envergure de son projet nécessite une énergie hydraulique constante et une main d’œuvre compétente. Une chute d’eau disponible et la réputation des ouvriers métallurgistes ardennais orientent le choix de l’industriel vers les bords du canal Saint-Julien.
Opérationnel en 1897, le complexe s’étend d’année en année sans pour autant négliger l’esthétisme de son architecture. Au milieu du square Mialaret, le chevalier Bayard observe depuis son socle l’aménagement du canal de fuite des turbines.
La croissance de son activité décuple ses besoins énergétiques et oblige l’entreprise à utiliser la force motrice de la Meuse. D’importants travaux s’engagent alors, modifiant ainsi considérablement le paysage urbain macérien. La centrale Mazarin et ses canaux de dérivation s’élèvent sur les ruines des moulins Pommery et des remparts de la citadelle.
Des prises de vue régulières commandées à sa demande permettent à Gustave Adolphe Clément de suivre l’évolution des travaux. Extraits des albums de photographies du fonds des établissements Clément-Bayard (45 J), ces clichés vous sont présentés par ordre chronologique.
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