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Visites présidentielles à la Belle Époque


 

La fonction de président de la République naît en 1848 avec la Seconde République. Son premier titulaire, élu au suffrage universel (masculin) en décembre 1848, est le prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier. Profitant du développement des chemins de fer, il inaugure aussi la tradition des voyages présidentiels. Le 28  août 1850 il s’arrête ainsi à Reims au retour d'un voyage de plusieurs jours en Alsace.


 

Médaille commémorant la visite de Louis-Napoléon Bonaparte à Reims le 28 août 1850 (Musées de Reims)

 

Après avoir renversé la République par le coup d'état du 2 décembre 1851, il multiplie ses voyages en province pour préparer l’opinion publique au rétablissement de l’Empire qui a lieu le 2 décembre 1852.

Après la chute du Second Empire en septembre 1870 et la proclamation de la Troisième République, les voyages présidentiels ne reprennent pas immédiatement car le nouveau régime est encore bien fragile et ne se stabilise vraiment qu’à partir de 1879. En outre, la Constitution de 1875 ne donne au Président de la République, élu désormais par le Parlement, que peu de pouvoir. Cependant, comme le président assure tout de même une fonction essentielle de représentation de la République, les visites dans les différents départements du pays vont reprendre à partir de l’élection de Sadi Carnot en 1887.

Avant la Première Guerre mondiale Reims reçoit cinq présidents de la République, Sadi Carnot en 1891, Félix Faure en 1896, Émile Loubet en 1901, Armand Fallières en 1909 et en 1910, Raymond Poincaré en 1913. Le seul, à ne pas être venu est Jean Casimir-Périer mais il faut dire qu’il démissionne après seulement un an de mandat. Il existe plusieurs types de visites présidentielles. Il y a d’abord celles qui ne constituent qu’une étape dans un déplacement plus long comme la visite de Sadi Carnot qui passe à Reims le 18 septembre 1891 dans le cadre d’un voyage de plusieurs jours dans l’Est de la France. La visite d’Émile Loubet le 21 septembre 1901 relève, elle, d’un autre registre puisqu'il est venu rejoindre le tsar Nicolas II qui assiste à la fin des grandes manœuvres de l’Est. Les deux chefs d’État passent les troupes en revue à Bétheny avant de se rendre à Reims

 

 

Le président de la République Emile Loubet accueillant le tsar Nicolas II et l'impératrice Alexandra Feodorovna lors de la revue militaire passée au camp de Bétheny, 21 septembre 1901, tableau d’Albert Dawant (Réunion des Musées nationaux)


Enfin, le président peut se déplacer pour des évènements strictement locaux. Le 15 juillet 1896, Félix Faure vient à Reims présider diverses inaugurations dont celle de la statue de Jeanne d’Arc. De même, le 19 octobre 1913, Raymond Poincaré vient inaugurer la Maison de la mutualité, rue des Élus, et le musée des Beaux-Arts, rue Chanzy. Avant son départ, il assiste aussi à des exercices au Collège d’Athlètes du parc Pommery, récemment fondé par le marquis de Polignac. 

 

(Archives départementales de la Marne)


Quant aux deux visites d’Armand Fallières, elles représentent un cas particulier puisque le président vient le 24 août 1909 et le 6 juillet 1910 pour assister aux Grandes Semaines d’aviation de la Champagne à Betheny mais sans se rendre à Reims même. 

 

Grande semaine d'aviation de la Champagne, la tribune présidentielle (Archives municipales de Reims)


L’élaboration du programme de la visite se fait en concertation entre le cabinet militaire de la présidence, la préfecture et la mairie. Cette dernière fait de grands efforts. Reims est pavoisée, des arcs de triomphe sont installés sur le passage du président et, le jour de la visite, outre le banquet officiel, la Ville finance des illuminations ainsi qu'un feu d’artifice. Tout cela représente un coût certain pour le budget municipal : 30 000 francs/or en 1891, 80 000 francs/or en 1896.

 

 

Arc de triomphe installé rue Desteuque pour la venue de Raymond Poincaré le 19 octobre 1913 (Archives départementales de la Marne)

 

La visite présidentielle est un cérémonial d’État avec une organisation très codifiée : il y a d’abord l’arrivée officielle à la gare car, à l’époque, le président voyage en train puis les passages obligés, la préfecture ou dans le cas rémois la sous-préfecture, la mairie, les diverses inaugurations et, enfin, le banquet offert par la Ville. Ainsi en est-il de la visite de Félix Faure, le 15 juillet 1896. Le président quitte l’Élysée à 8 heures du matin pour rejoindre la gare de l’Est où il prend place dans un train spécial fourni gratuitement par la Compagnie des chemins de fer de l’Est. Le convoi est composé de six wagons, trois wagons-salons destinés au président et aux personnalités ainsi que trois wagons de première classe pour les accompagnateurs et les journalistes qui couvrent la visite. Le train arrive vers dix heures un quart à la gare de Reims où l’attendent le maire et le conseil municipal. La ville est pavoisée et plusieurs arcs de triomphe ont été montés, dont celui du Bicycle-club rémois, à l’entrée de la rue Colbert, entièrement constitué de vélos. Le président se rend ensuite de la gare à la sous-préfecture dans un landau tiré par sept chevaux, suivi par un cortège de vingt-six voitures à cheval. A la sous-préfecture Félix Faure reçoit les corps constitués, distribue des décorations et préside un déjeuner de 32 couverts. L’après-midi, il se rend à l’Hôtel de Ville avant de présider les inaugurations prévues, d'abord celle de la Maison de convalescence du boulevard Cérès puis, à partir de 17 heures, la plus importante, celle de la statue de Jeanne d’Arc dont le déroulé est le suivant. A l’arrivée de Félix Faure sur le parvis de la cathédrale, 21 coups de canon sont tirés et la Marseillaise est jouée. Le président remet à l’auteur de la statue, le sculpteur Paul Dubois, la grand-croix de la Légion d’Honneur. M. Richardot, un poète local, déclame ensuite une ode de sa composition puis l'harmonie municipale et une chorale exécutent  l'œuvre musicale que le compositeur Théodore Dubois, né près de Reims, a écrite pour l'occasion. Puis trois discours sont prononcés, par le président de l’Académie de Reims, Alphonse Gosset, par le maire, Maurice Noirot et par le ministre de la guerre, le général Billot. Enfin défilent les sapeurs-pompiers, les sociétés rémoises et les troupes casernées à Reims. Au total, la cérémonie a duré environ une heure. 

 

La statue de Jeanne d'Arc (Archives municipales de Reims)

 

Le soir, le banquet a lieu au Théâtre, la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville ayant été jugée trop petite. Le président ne reste d’ailleurs pas jusqu’au bout et quitte la salle assez tôt, vers 21 heures, pour rentrer à Paris. De leur côté, les Rémois s’adonnent à des réjouissances populaires jusqu’à une heure avancée de la nuit car, même si on sépare nettement les officiels et la population, cette dernière profite des activités festives sans être pour autant toujours intéressée par l’objet de la visite.

Théoriquement la politique n’est pas présente, les visites présidentielles étant présentées comme des moments d’unanimité nationale, mais dans les faits les oppositions idéologiques ne disparaissent pas vraiment. La visite de Félix Faure en 1896 en est un bon exemple. Le président a été invité à inaugurer la statue de Jeanne d’Arc par le nouveau maire, élu en mai 1896, Maurice Noirot, un industriel du textile, plutôt classé à droite. Mais l’affaire est politiquement sensible dans le contexte de l’époque s’opposent la France catholique, encore largement monarchiste malgré l’appel au Ralliement du pape Léon XIII, et la France républicaine nettement anticléricale. Prudemment, Félix Faure a fait savoir qu’il désire une cérémonie sobre, essentiellement patriotique, et que l’on prévoie une seconde inauguration, pour ne pas que le voyage présidentiel apparaisse seulement lié à celle de la statue de Jeanne d’Arc. A Reims les divergences ne manquent pourtant pas. Si les catholiques mettent en avant la France éternelle et l’alliance du trône et de l’autel, les radicaux se font un malin plaisir à leur rappeler que l’Église catholique a condamné Jeanne d’Arc avant de la récupérer. De même, le choix d’installer la statue sur la Place du parvis, dans l’axe de la cathédrale, s’il satisfait les cléricaux, mécontente les laïques. Enfin, la date du 15 juillet, et non pas du 14 comme on  le trouve parfois écrit, s’est imposée car le cardinal Langénieux ayant fait part de son intention de célébrer une messe solennelle, il aurait été pour le moins malencontreux qu'elle ait  lieu le jour de la Fête nationale, symbole de la Révolution. D’ailleurs, opportunément, le train spécial de Félix Faure arrivera le 15 juillet à la gare de Reims alors que la cérémonie religieuse est quasiment terminée. En 1901, les tensions sont liées à la présence du tsar Nicolas II au côté du président Emile Loubet. Le maire de Reims, le radical Charles Arnould, très hostile au régime russe, songe même un moment à ne pas recevoir le tsar à l’Hôtel de Ville mais finalement s’y résout tout en réussissant dans son discours d’accueil à ne jamais prononcer les mots de "Sire" ou de "Majesté". De même, il refuse de faire enlever des murs de Reims des affiches hostiles au tsar que les socialistes ont collées. Cependant il ne va pas aussi loin que son collègue de Witry-les-Reims qui, lui, démissionne pour ne pas avoir à accueillir le souverain russe.




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