Le temps du "Beau Moyen-Age" (XIe-XIIIe siècles)
C’est l'historien Jules Michelet (1798-1874) qui a, le premier, qualifié de " Beau Moyen Âge" les trois siècles qui suivent l’An Mil car durant cette période l'Europe occidentale connaît une longue phase de progrès économique et de croissance démographique.
Cette situation se retrouve à Reims puisque, après l’An Mil, la population de la ville augmente régulièrement (autour de 10 000 habitants au XIIe siècle, environ 20 000 à la fin du XIIIe siècle). La ville connaît aussi une extension considérable. Les deux noyaux urbains du haut Moyen-Age, la cité autour de la cathédrale et le bourg Saint-Remi, sont désormais reliés par la rue du Barbâtre (qui a gardé son nom médiéval) et la rue Neuve (aujourd'hui rues Chanzy et Gambetta).
A la fin du XIIe siècle, l’archevêque Guillaume de Champagne décide d’aménager l’espace entre la ville et la rivière la Vesle où il possède des coutures (c’est à dire des champs cultivés) et des jards (c’est à dire des jardins). Il les transforme en lotissements et de nombreuses habitations sont construites. On ouvre aussi une rue, la plus large de Reims à l’époque, afin d’accueillir les foires. C’est « la rue de la couture où se tiennent les foires » qui deviendra en 1853 la Place Drouet d’Erlon. Enfin débute en 1190 la construction de l'église Saint Jacques.
Au début du XIIIe siècle, Reims poursuit son développement. Un nouveau quartier autour des rues du Jard et de Venise voit le jour. Dans le même temps l’Abbé de Saint Remi décide, lui, de développer le quartier de Fléchambault. En 1209, le roi Philippe-Auguste ordonne la construction de nouveaux remparts mais il faut attendre 1358 et les premiers désastres de la guerre de 100 ans pour qu’ils soient terminés. Un incendie ayant endommagé la cathédrale de l’époque carolingienne, commence en 1211 la construction de l’actuelle cathédrale Notre-Dame sous la direction de l’architecte Jean d’Orbais.
A la fin du XIIIe siècle Reims présente l'aspect qu'elle gardera jusqu'au début du XIXe siècle, soit pendant presque 6 siècles. L'habitat est beaucoup moins dense qu'aujourd'hui car la ville médiévale, avec, au milieu des habitations, des jardins et des prés, conserve un aspect rural. Sur le plan économique, l’industrie textile fait la réputation de Reims. Mais on y trouve aussi toute la gamme de l’artisanat : métiers du cuir, du métal, de l’alimentation, tailleurs de pierres, maçons. Sur le plan social, les riches habitent à l’ombre de la cathédrale mais, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de cette dernière, la pauvreté augmente.
Reims est alors, pour sa plus grande partie, sous l’autorité de ses archevêques qui n’ont pas seulement un pouvoir religieux mais sont aussi les seigneurs de la ville. A ce titre, ils sont en charge de la défense de la cité et exercent des droits de justice. Enfin, et ce n’est pas le moins important, au nom de leurs droits seigneuriaux, ils lèvent de nombreux impôts sur les Rémois. Or, à partir du XIe siècle, dans de nombreuses villes du royaume de France, les bourgeois se constituent en communes pour obtenir des chartes leur assurant plus de libertés et d’autonomie. Mais, à Reims, s’il existe bien un mouvement communal, il est loin de rencontrer un plein succès car les puissants archevêques n’entendent rien céder de leur pouvoir. En 1139, une première demande des bourgeois de Reims est pourtant acceptée par le roi Louis VII mais ce dernier revient rapidement sur sa décision sous la pression du pape qui entend défendre les privilèges de l’Église rémoise. En 1160 le frère du roi Louis VII, Henri de France, devient archevêque de Reims. Dur et autoritaire, il ne tarde pas à braquer les bourgeois qui appellent leurs concitoyens à la révolte. L’archevêque appelle alors à l’aide son frère et les troupes royales rasent une cinquantaine de maisons appartenant aux meneurs du mouvement. Mais personne n’est arrêté car les insurgés ont fui la ville. Une fois les troupes royales reparties, ils rentrent à Reims et, furieux de constater les dégâts à leurs habitations, détruisent à leur tour les maisons des partisans de l’archevêque qui, finalement, accepte de transiger. Les bourgeois doivent, certes, payer une amende 450 livres mais celle-ci est très inférieure au coût réel des dommages.
Le successeur d’Henri de France, Guillaume de Champagne (ou de Blois), dit Guillaume aux blanches mains, est lui aussi un personnage considérable. Né en 1135 et mort en 1202, il est le fils du comte de Champagne Thibaud et le beau-frère du roi de France Louis VII. Il est donc l’oncle de Philippe Auguste qu’il sacrera en 1180, lors d’une somptueuse cérémonie. Avant son arrivée à Reims en 1176, Guillaume de Champagne a occupé les évêchés de Chartres puis de Sens. C’est aussi un habile politique qui préfère prendre les devants en accordant en 1182 aux aux Rémois une charte de franchise. Appelée Wilhelmine, cette charte reconnaît le droit aux bourgeois de Reims de choisir eux-mêmes douze échevins qui sont renouvelés chaque année. Le texte reconnaît aussi aux Rémois des libertés d'ordre judiciaire. Ils obtiennent ainsi le droit d'être jugés par leurs échevins dans un très grand nombre d’affaires, l'archevêque se réservant seulement la juridiction de haute justice pour les délits les plus graves. La charte accorde le droit de récréance, c'est-à-dire la possibilité d’être libéré sous caution avant un jugement, ce qui évite un emprisonnement provisoire désagréable et coûteux. Le document fixe enfin des tarifs précis pour les amendes dues en cas de non-respect des droits seigneuriaux. Même s’il ne s’agit pas en fait d’une vraie charte communale car l’archevêque, tout en accordant des libertés, reste le maître de la ville, cela suffit pourtant à assurer le calme pour un demi-siècle.
Le temps des difficultés (XIVe-XVe siècles)
Les deux siècles suivants sont des temps d'épreuves pour Reims. Il y a d’abord la grande peste noire qui arrive à Reims à la fin de l’été 1348 et qui atteint son paroxysme entre août et octobre 1349. L’effroi se répand dans la ville où chacun craint de mourir. A l’époque, comme on ignore tout de la maladie, il ne reste qu’à implorer Dieu et ses saints. Au printemps 1349, sont organisées de spectaculaires processions qui, sans le vouloir, ont dû accroître la contagion ! Comme on attribue à saint Remi le pouvoir de protéger la ville de la maladie, la chasse qui renferme ses ossements est exposée en permanence à la vénération des fidèles. L’ampleur de la mortalité n’est pas connue avec précision. Le poète Guillaume de Machaut, qui est en même temps chanoine de la cathédrale, parle de 20 000 morts mais le chiffre semble exagéré car en ce cas toute population aurait disparu. Dans la réalité, entre un quart et un tiers de la population rémoise serait morte en deux ou trois ans.
Reims se trouve aussi en première ligne dans la Guerre de Cent ans. En 1359, les Anglais mettent le siège devant la ville mais ne réussissent pas à s’en emparer. Cependant, les campagnes aux alentours sont ravagées. Le 17 juillet 1429, le roi Charles VII, accompagné de Jeanne d’Arc, est sacré à la cathédrale de Reims. Enfin c’est un temps de difficultés économiques avec notamment le déclin de l'activité textile. La misère augmente et les plus pauvres meurent de faim. Dans ces conditions, Reims perd la moitié de sa population, soit par décès soit par fuite de la ville. Alors qu’en 1300 Reims comptait environ 20 000 habitants, à la fin du XVe siècle, elle n’en compte plus que 10 000. Reims n’est plus qu’une ville moyenne du royaume de France même si elle demeure la ville des sacres royaux.
Cette situation se retrouve à Reims puisque, après l’An Mil, la population de la ville augmente régulièrement (autour de 10 000 habitants au XIIe siècle, environ 20 000 à la fin du XIIIe siècle). La ville connaît aussi une extension considérable. Les deux noyaux urbains du haut Moyen-Age, la cité autour de la cathédrale et le bourg Saint-Remi, sont désormais reliés par la rue du Barbâtre (qui a gardé son nom médiéval) et la rue Neuve (aujourd'hui rues Chanzy et Gambetta).
A la fin du XIIe siècle, l’archevêque Guillaume de Champagne décide d’aménager l’espace entre la ville et la rivière la Vesle où il possède des coutures (c’est à dire des champs cultivés) et des jards (c’est à dire des jardins). Il les transforme en lotissements et de nombreuses habitations sont construites. On ouvre aussi une rue, la plus large de Reims à l’époque, afin d’accueillir les foires. C’est « la rue de la couture où se tiennent les foires » qui deviendra en 1853 la Place Drouet d’Erlon. Enfin débute en 1190 la construction de l'église Saint Jacques.
Au début du XIIIe siècle, Reims poursuit son développement. Un nouveau quartier autour des rues du Jard et de Venise voit le jour. Dans le même temps l’Abbé de Saint Remi décide, lui, de développer le quartier de Fléchambault. En 1209, le roi Philippe-Auguste ordonne la construction de nouveaux remparts mais il faut attendre 1358 et les premiers désastres de la guerre de 100 ans pour qu’ils soient terminés. Un incendie ayant endommagé la cathédrale de l’époque carolingienne, commence en 1211 la construction de l’actuelle cathédrale Notre-Dame sous la direction de l’architecte Jean d’Orbais.
A la fin du XIIIe siècle Reims présente l'aspect qu'elle gardera jusqu'au début du XIXe siècle, soit pendant presque 6 siècles. L'habitat est beaucoup moins dense qu'aujourd'hui car la ville médiévale, avec, au milieu des habitations, des jardins et des prés, conserve un aspect rural. Sur le plan économique, l’industrie textile fait la réputation de Reims. Mais on y trouve aussi toute la gamme de l’artisanat : métiers du cuir, du métal, de l’alimentation, tailleurs de pierres, maçons. Sur le plan social, les riches habitent à l’ombre de la cathédrale mais, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de cette dernière, la pauvreté augmente.
Reims est alors, pour sa plus grande partie, sous l’autorité de ses archevêques qui n’ont pas seulement un pouvoir religieux mais sont aussi les seigneurs de la ville. A ce titre, ils sont en charge de la défense de la cité et exercent des droits de justice. Enfin, et ce n’est pas le moins important, au nom de leurs droits seigneuriaux, ils lèvent de nombreux impôts sur les Rémois. Or, à partir du XIe siècle, dans de nombreuses villes du royaume de France, les bourgeois se constituent en communes pour obtenir des chartes leur assurant plus de libertés et d’autonomie. Mais, à Reims, s’il existe bien un mouvement communal, il est loin de rencontrer un plein succès car les puissants archevêques n’entendent rien céder de leur pouvoir. En 1139, une première demande des bourgeois de Reims est pourtant acceptée par le roi Louis VII mais ce dernier revient rapidement sur sa décision sous la pression du pape qui entend défendre les privilèges de l’Église rémoise. En 1160 le frère du roi Louis VII, Henri de France, devient archevêque de Reims. Dur et autoritaire, il ne tarde pas à braquer les bourgeois qui appellent leurs concitoyens à la révolte. L’archevêque appelle alors à l’aide son frère et les troupes royales rasent une cinquantaine de maisons appartenant aux meneurs du mouvement. Mais personne n’est arrêté car les insurgés ont fui la ville. Une fois les troupes royales reparties, ils rentrent à Reims et, furieux de constater les dégâts à leurs habitations, détruisent à leur tour les maisons des partisans de l’archevêque qui, finalement, accepte de transiger. Les bourgeois doivent, certes, payer une amende 450 livres mais celle-ci est très inférieure au coût réel des dommages.
Le successeur d’Henri de France, Guillaume de Champagne (ou de Blois), dit Guillaume aux blanches mains, est lui aussi un personnage considérable. Né en 1135 et mort en 1202, il est le fils du comte de Champagne Thibaud et le beau-frère du roi de France Louis VII. Il est donc l’oncle de Philippe Auguste qu’il sacrera en 1180, lors d’une somptueuse cérémonie. Avant son arrivée à Reims en 1176, Guillaume de Champagne a occupé les évêchés de Chartres puis de Sens. C’est aussi un habile politique qui préfère prendre les devants en accordant en 1182 aux aux Rémois une charte de franchise. Appelée Wilhelmine, cette charte reconnaît le droit aux bourgeois de Reims de choisir eux-mêmes douze échevins qui sont renouvelés chaque année. Le texte reconnaît aussi aux Rémois des libertés d'ordre judiciaire. Ils obtiennent ainsi le droit d'être jugés par leurs échevins dans un très grand nombre d’affaires, l'archevêque se réservant seulement la juridiction de haute justice pour les délits les plus graves. La charte accorde le droit de récréance, c'est-à-dire la possibilité d’être libéré sous caution avant un jugement, ce qui évite un emprisonnement provisoire désagréable et coûteux. Le document fixe enfin des tarifs précis pour les amendes dues en cas de non-respect des droits seigneuriaux. Même s’il ne s’agit pas en fait d’une vraie charte communale car l’archevêque, tout en accordant des libertés, reste le maître de la ville, cela suffit pourtant à assurer le calme pour un demi-siècle.
Le temps des difficultés (XIVe-XVe siècles)
Les deux siècles suivants sont des temps d'épreuves pour Reims. Il y a d’abord la grande peste noire qui arrive à Reims à la fin de l’été 1348 et qui atteint son paroxysme entre août et octobre 1349. L’effroi se répand dans la ville où chacun craint de mourir. A l’époque, comme on ignore tout de la maladie, il ne reste qu’à implorer Dieu et ses saints. Au printemps 1349, sont organisées de spectaculaires processions qui, sans le vouloir, ont dû accroître la contagion ! Comme on attribue à saint Remi le pouvoir de protéger la ville de la maladie, la chasse qui renferme ses ossements est exposée en permanence à la vénération des fidèles. L’ampleur de la mortalité n’est pas connue avec précision. Le poète Guillaume de Machaut, qui est en même temps chanoine de la cathédrale, parle de 20 000 morts mais le chiffre semble exagéré car en ce cas toute population aurait disparu. Dans la réalité, entre un quart et un tiers de la population rémoise serait morte en deux ou trois ans.
Reims se trouve aussi en première ligne dans la Guerre de Cent ans. En 1359, les Anglais mettent le siège devant la ville mais ne réussissent pas à s’en emparer. Cependant, les campagnes aux alentours sont ravagées. Le 17 juillet 1429, le roi Charles VII, accompagné de Jeanne d’Arc, est sacré à la cathédrale de Reims. Enfin c’est un temps de difficultés économiques avec notamment le déclin de l'activité textile. La misère augmente et les plus pauvres meurent de faim. Dans ces conditions, Reims perd la moitié de sa population, soit par décès soit par fuite de la ville. Alors qu’en 1300 Reims comptait environ 20 000 habitants, à la fin du XVe siècle, elle n’en compte plus que 10 000. Reims n’est plus qu’une ville moyenne du royaume de France même si elle demeure la ville des sacres royaux.
Construite au XIIIe siècle par un riche bourgeois, la Maison des Musiciens associe un commerce au rez-de-chaussée et un confortable logis à l'étage. Elle est remarquable par sa décoration comportant cinq statues monumentales. Quatre musiciens, un joueur de flûte et tambourin, un joueur de chevrette (sorte de cornemuse), un joueur de harpe, un joueur de harpe et un joueur de vièle encadrent un personnage élégant qui les écoutent. On a là le désir du propriétaire, bourgeois enrichi, d'affecter un genre de vie noble associant la chasse et la musique. La maison a été totalement détruite par les obus allemands en mars 1918 mais, par bonheur, les statues avaient été déposées quelques mois auparavant. Elles sont installées aujourd'hui au Musée Saint-Remi. Récemment la façade a été reconstituée rue de Tambour.
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