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Les Ardennes jusqu'au début du Moyen-Age


 

 

 

 

 

Dans ce blog le mot Ardennes désigne l’espace correspondant au département actuel, né en 1790. Il convient de le différencier de l’Ardenne qui est une région géologique à cheval sur trois pays, la France, la Belgique et le Luxembourg. L’Ardenne, dont la première mention remonte à la Guerre des Gaules de César, « Arduenna silva » (forêt d’Ardennes), est un massif ancien, largement forestier, et dont le nom viendrait des mots celtes ar (le, la) et den (sombre) pour désigner ces espaces sombres que sont les forêts. Il faut aussi noter que seule la partie nord de l’actuel département des Ardennes appartient géographiquement au massif ardennais.


Les Ardennes jusqu'à la conquête romaine


Les traces les plus anciennes d’occupation humaine dans les Ardennes, datent du Paléolithique supérieur (soit entre 45 000 et 12 000 ans avant notre ère) comme le montre la découverte près de Monthermé d’outils de pierre taillée. Mais il s’agit d’une occupation humaine très faible car le climat est à ce moment très froid, presque polaire. A partir de 12 000 ans avant notre ère, le climat devient plus chaud et humide. C’est le Mésolithique, une période où les hommes chassent en forêt, comme en témoignent les nombreuses découvertes d'armatures de flèches, tout en complétant leur alimentation par la pêche et la cueillette de fruits sauvages. Ils vivent dans des campements provisoires, sur le parcours du gibier.

Puis vers 5.000 ans avant notre ère apparaît l’époque du Néolithique. Les forêts commencent à être défrichées pour y installer des champs et des villages car la population se sédentarise. On commence à faire pousser des céréales et on élève des animaux, comme les chèvres, les moutons, les bœufs ou les porcs. Les Ardennes possèdent un site néolithique remarquable, celui de Mairy, sur l’actuelle commune de Douzy, où ont été mises en évidence les fondations d'une vingtaine de bâtiments dont le plus grand a une longueur de 60 mètres et une largeur de 13 mètres, ce qui en fait une des plus grandes maisons du Néolithique découvertes en Europe. L'autre élément exceptionnel de ce site est formé par les traces d’une enceinte, constituée d'un fossé de 8 mètres de large surmonté par des palissades. Le Néolithique est aussi marqué par une spiritualité symbolisée par les fameux mégalithes dont les Ardennes comptent un exemple remarquable avec l'allée couverte de Giraumont, sur la commune de Saint Marcel.

A partir de 800 avant Jésus-Christ on entre dans l’Age du fer. Les Celtes s'implantent sur le territoire ardennais vers 500 avant Jésus-Christ et utilisent largement les ressources des forêts pour construire leurs maisons ou leurs remparts faits de palissades. Ils se servent aussi du bois pour fabriquer les manches de leurs outils, les tonneaux, les boucliers et les chars de combat. Enfin, comme les celtes développent la métallurgie du fer, le bois est une matière première indispensable pour alimenter les forges. Cette civilisation a laissé de nombreuses sépultures dont les fameuses tombes à char qui sont des fosses aménagées en chambre funéraire où le char est déposé intact, portant une dernière fois le guerrier qui le possédait. On a découvert des tombes de ce type à Semide, à Bourcq et à Warcq. Une continuité semble exister entre les populations ardennaises de l'Age de fer et le peuple des Rèmes de l'époque gauloise qui occupaient l'espace constituant aujourd'hui les départements de la Marne et des Ardennes. Certains sites sont d’ailleurs utilisés sur la très longue durée comme celui d'Acy-Romance, au sud des Ardennes, dans la vallée de l'Aisne, qui semble avoir été occupé de manière permanente depuis mille ans avant notre ère jusqu'à l'arrivée des Romains en 52 avant Jésus-Christ.


 

 

La tombe de Warcq (photo : D. Glicksman)


D’une superficie de 15 m2, la chambre funéraire accueille un défunt portant un torque en or et une fibule en fer. Le mort est déposé sur un char d’apparat à deux roues dont certaines parties sont recouvertes de feuilles d’or. Dans l’axe du char, deux chevaux harnachés sont mis en scène, un joug surmonté de six anneaux passe-guide disposé sur leurs épaules. À l’arrière, deux autres chevaux sont placés au niveau des angles de la tombe, accompagnés de leur harnachement. (source : Institut national de recherches archéologiques préventives, INRAP).



Les Ardennes de la conquête romaine jusqu'au début du Moyen-Age

A partir de 52 avant Jésus-Christ, les Ardennes passent, comme le reste de la Gaule sous la domination romaine. Avec les Romains de nouveaux défrichements sont opérés et, surtout, deux importantes voies romaines vont désormais traverser les Ardennes, la première allant de Reims à Trèves et la seconde conduisant de Reims à Cologne. A proximité de cette dernière les Romains édifient la petite cité de Castrice, sur une boucle de la Meuse, à l’emplacement de l’actuel Montcy Saint-Pierre sur la commune de Charleville-Mézières. A partir du IVe siècle le territoire des Ardennes est affecté par les invasions barbares. Face à ces dernières les Gallo-romains édifient des défenses comme au Mont Vireux, un relief situé sur la rive gauche de la Meuse et surplombant la ville actuelle de Vireux-Molhain. Là est édifié un petit fortin en pierre entouré de solides palissades. A cet endroit a été aussi découverte en 1985 un morceau d’ardoise portant une inscription chrétienne ce qui pourrait peut-être permettre de  faire remonter au IVe siècle le tout début de l’évangélisation des Ardennes, ce qu’écrivait déjà au XVIIe siècle, Jean Ganneron, un moine de la Chartreuse ardennaise du Mont-Dieu, qui pensait que Saint Maximin, évêque de Trêves de 341 à 346, serait venu dans les Ardennes. Cependant il faut attendre le VIe siècle pour avoir une mention incontestable de la présence du christianisme dans les Ardennes avec Grégoire de Tours (évêque de Tours de 573 jusqu’à sa mort vers 594). Ce dernier raconte dans son Histoire des Francs qu’en 585 revenant de Coblence par l’ancienne voie romaine allant de Trêves à Reims il s’était arrêté à Yvois (l’actuel Carignan) et y avait rencontré le diacre Vulfolaicus (Saint Walfroy). Ce dernier originaire semble-t-il de Pannonie, une région correspondant aujourd’hui à des morceaux de l’Autriche, de la Hongrie, de la Slovénie et de la Croatie, était venu dans le diocèse de Trèves dont une grande partie de la population était encore païenne. Il s’était établi sur une colline près d’Yvois (l’actuel Mont Saint-Walfroy) où  était célébré le culte de la Déesse celtique Arduinna (assimilée par les Romains à Diane) et où s’élevait une statue de cette dernière. Le diacre vit sur une colonne, exposé à la rudesse du climat ardennais et se nourrissant exclusivement de pain, d’eau et de légumes. Seul stylite répertorié en Occident, il fait des disciples et obtient que ces derniers abattent la statue de Dea Arduinna. Mais l’évêque de Trèves trouvant  totalement inadapté ce mode de vie dans nos contrées fait détruire la colonne et le futur Saint Walfroy, obéissant, fonde alors au même endroit un ermitage (devenu jusqu’à aujourd’hui un lieu de pèlerinage).


Les Ardennes deviennent ensuite, avec leurs forêts giboyeuses, le territoire de chasse préféré des Carolingiens mais pas seulement. Ainsi Attigny abrite pendant presque deux siècles, de 750 à 930 environ, un « palais » où les carolingiens résident et gouvernent à certains moments de l’année. C’est à Attigny qu’a lieu en 822 la fameuse « pénitence » de Louis le Pieux, ainsi surnommé à cause de son profond respect pour l’Église. En fait, à l’époque, deux principes s’opposent : le vieux principe franc du partage du royaume entre ses fils à la mort du souverain et, depuis Charlemagne, le principe impérial d’un territoire indivisible. Si à la mort de Charlemagne en 814 il n’y a pas eu de débat, Louis le Pieux étant son seul fils, par la suite cela se complique. En 817, Louis Le Pieux promulgue l’Ordination Imperii pour régler sa succession : son fils aîné Lothaire est proclamé empereur, ses frères devant se contenter de gouverner l’un l’Aquitaine, l’autre la Bavière. Mais un neveu de Louis le Pieux, Bernard, proteste contre son éviction du partage. Louis le Pieux le fait arrêter et le condamne à être aveuglé, supplice qui entraîne sa mort. L’empereur, accablé de remords et influencé par le clergé, décide alors de confesser publiquement ses fautes, ce qu’il fait en 822 à Attigny. mais cette pénitence d’Attigny affaiblit considérablement l’autorité de Louis le Pieux qui apparaît faible et indécis. De plus, rien n’est réglé concernant l’empire. Les fils de Louis le Pieux, jaloux les uns des autres, n’hésitent plus à prendre les armes contre leur père ou entre eux. Louis le Pieux connaît même l’humiliation d’être quelque temps déchu de la couronne impériale avant de la récupérer. Après sa mort en 840 ses fils continuent de s’affronter et finissent par se partager l’empire au traité de Verdun en 843.




 l'ermitage Saint Walfroy au début du XXe siècle (coll.part).

Après sa mort, peu avant l’an 600, Saint Walfroy est d’abord inhumé dans l’église qu’il a construite, puis son corps est transféré en 979 dans celle d’Yvois. Mais  l’ermitage qu’il a créé va continuer son existence jusqu’à la Révolution française où il est vendu comme bien national. Au milieu du XIXe siècle, l'archevêque de Reims, Thomas Gousset rachète la propriété et fait entreprendre d'importants travaux. Le lieu abrite désormais un couvent et une maison de repos. Après 1905 et la loi de séparation des Églises et de l'État, le domaine est attribué au département des Ardennes qui le loue alors à un industriel catholique qui le met à disposition du diocèse de Reims. Au lendemain la Première mondiale, pendant laquelle les bâtiments ont subi de gros dégâts, il est mis en vente par le département, racheté par le diocèse de Reims et reconstruit. La Seconde Guerre mondiale détruit à nouveau l'ermitage qui est reconstruit pour la seconde fois à la fin des années 1940.

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