Dans la première moitié du XVIe siècle on assiste à un certain renouveau de la ville après les temps difficiles du Moyen-Age, mais cette reprise est bientôt compromise par les Guerres de religion. Vers 1525-1530 il existe quelques protestants à Reims mais dans cette ville où le clergé catholique est très puissant et qui est en outre la ville du sacre des rois, leur nombre est bien faible, peut être 400 au maximum. De plus, l’arrivée en 1538, comme archevêque, du cardinal de Lorraine, un des champions de la Contre-Réforme catholique, va réduire à néant le développement du protestantisme à Reims et durant tout l’Ancien Régime on ne compte quasiment pas de réformés à Reims, une dizaine seulement étant dénombrés à la veille de la Révolution. Reims, protégée par ses remparts, se trouve épargnée par les combats mais les campagnes alentours sont ravagées par le passage des armées, aussi bien catholiques que protestantes.
Les XVIIe et XVIIIe siècles sont, eux, beaucoup plus tranquilles et Reims peut souffler. La population recommence à croître et tourne entre 25 000 et 28 000 habitants d’habitants. La fonction religieuse est toujours importante. Reims compte 14 paroisses et de nombreux couvents. Sur le plan économique, Reims demeure une ville lainière importante et le commerce du vin de Champagne se développe avec les progrès de la technique de champagnisation. Les relations commerciales avec Paris deviennent de plus en plus importantes. Reims entre pour longtemps dans l’orbite de la capitale du royaume.
La réalité de la richesse et du pouvoir se trouve entre les mains de 400 ou 500 familles nobles ou appartenant à la bourgeoisie enrichie, à l’exemple de la famille Colbert dont le plus éminent représentant, le futur ministre de Louis XIV, naît à Reims en 1619. Les « classes moyennes » représentent un bon tiers de la population et sont constituées des maîtres artisans, des commerçants, des professions libérales et juridiques. Le reste de la population, les pauvres, regroupe le prolétariat textile, les domestiques et les indigents. Les élites et les bourgeois aisés, en particulier les négociants, vivent autour de la cathédrale (paroisses Saint-Symphorien et Saint-Michel). Les fabricants se concentrent le long de l’axe qui va de la Cathédrale à Saint-Remi par la rue du Barbâtre et la rue Neuve (paroisse Saint-Étienne). Quant aux ouvriers du textile, tisseurs, peigneurs, cardeurs, ils vivent à l’ouest (paroisse Sainte Marie-Madeleine) et surtout au sud dans le quartier Saint-Remi (paroisses Saint-Timothée, Saint-Maurice, Saint-Julien, Saint-Martin et Saint-Jean-Baptiste).
L’aspect de la ville ne diffère guère de ce qu’il était au Moyen-Age. Reims est toujours ceinte de remparts percés de portes et entourés de fossés. Cependant un certain souci d’urbanisation commence à se faire jour au XVIIIe siècle. A partir de 1733 les jardiniers Le Roux père et fils créent les Promenades au nord de la ville, au pied et à l’extérieur des remparts. Un peu plus tard est installé un réseau de 19 fontaines, financées par la générosité du chanoine Godinot et alimentées par la machine du père Fery qui pompe l’eau de la Vesle. L’amorce d’un éclairage public des rues se fait autour de 1750 avec l’installation de plus de 300 lanternes qui fonctionnent du 20 octobre au 31 mars. Mais ces premières lanternes sont équipées de chandelles de suif ce qui noircit vite les vitres. A partir de 1780, elles sont progressivement remplacées par des réverbères équipés de lanternes à huile et de réflecteurs métalliques qui réverbèrent la flamme et qui sont plus efficaces.
Cependant, l’aménagement le plus connu est la Place royale. Aux Temps Modernes, les rues de Reims sont étroites et sinueuses ce qui rend la circulation difficile. En outre sont en terre battue, seul un petit nombre étant pavées. à la gloire du roi comme il en existe déjà dans plusieurs villes du royaume. A la fin de l’année 1748, le Lieutenant des Habitants, Levesque de Pouilly, propose au Conseil de Ville d’établir une belle et vaste place à la gloire du roi comme il en existe déjà dans plusieurs villes du royaume. L’architecte Jean Gabriel Legendre est chargé d’en faire le plan qui est approuvé en 1754. Ce plan prévoit d’édifier sur les quatre côtés de la place des ensembles de style néo-classique. Les travaux commencent en 1757. Mais en 1772, faute d’argent, les travaux sont interrompus. Seuls deux côtés de la place sont alors construits. Le troisième le sera au milieu du XIXe. Quant au dernier (où est la Société Générale actuelle), il ne l’est qu’en 1912. il a donc fallu plus d’un siècle et demi pour que la Place Royale soit terminée. Au centre de la Place avait été installée une statue, représentant le roi Louis XV en empereur romain, œuvre du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle. Détruite lors de la Révolution, elle est remplacée sous la Restauration par une nouvelle statue, réalisée par le sculpteur Cartellier. La Place Royale souffre énormément lors de la Première Guerre mondiale. Elle est incendiée le 19 septembre 1914, en même temps que la cathédrale, et ce qu’il en reste est ensuite touché à de multiples reprises par les obus allemands. Au lendemain du conflit, il ne reste des bâtiments que des façades noircies. Commence alors une longue reconstruction qui dure jusqu’au milieu des années 1930
plan de Reims de Claude Chastillon (1595), BMR
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