Accéder au contenu principal

Reims, ville des Sacres








Pendant huit siècles, de 1027 à 1825, l'accession au trône des rois de France s'est accompagnée d'une cérémonie, le Sacre, qui fait du roi le représentant de Dieu sur terre. Reims s'est imposée comme lieu du Sacre parce que ses archevêques se considèrent comme les successeurs de Saint Remi qui a baptisé Clovis. En outre, c’est à l'Abbaye de Saint-Remi qu’est déposée la Sainte Ampoule qui, selon la légende, aurait été miraculeusement apportée à Saint Remi par une colombe lors du baptême du roi des Francs. À partir d’Henri Ier en 1027, presque tous les rois de France seront sacrés à Reims. Il n’existe que trois exceptions : Louis VI le Gros sacré à Orléans le 3 août 1108 parce que Reims est alors contrôlée par son demi-frère Philippe qui lui dispute le trône ; Henri IV sacré à Chartres le 27 février 1594 car Reims, favorable à la Ligue, refuse d'accueillir ce roi qui a été protestant ; Quant à Louis XVIII, monté sur le trône en 1815, il ne sera jamais sacré.


Louis XV se présente aux portes de Reims, gravure réalisée à l'occasion du sacre de Louis XV en 1722 (Bibliothèque de Reims).


Pour le souverain, le déplacement, ainsi que le séjour à Reims, s'étendent sur une longue période. Louis XV a ainsi passé 26 jours en dehors de Versailles, dont 8 à Reims même. Les trajets, à l’aller comme au retour, se font avec des étapes quotidiennes de 6 à 10 lieues (soit de 25 à 40 de nos kilomètres). Louis XV, après son départ de Versailles, couche le premier soir à Dammartin (une petite ville proche de l’actuel aéroport de Roissy). Le 2e jour, il fait étape à Villers-Cotterêts. Le 3e jour, le souverain dort à Soissons. Enfin, le 4e jour il passe la nuit à Fismes. Le lendemain matin, il se présente aux portes de Reims, accompagné de la reine, de ses frères, et des princes du sang. Les clefs de la ville lui sont présentées ainsi que des cadeaux de bienvenue composés de produits locaux : des vins, des pains d’épice, des nonnettes, des fruits, des confitures.

Entré dans Reims, le cortège se dirige alors vers la cathédrale par l’actuelle rue Libergier. Là, le monarque est accueilli par l'archevêque dont la résidence, le palais du Tau, va loger le roi durant son séjour rémois. Le sacre proprement dit se déroule le dimanche matin. La Sainte Ampoule est d'abord ramenée en procession solennelle de l'abbaye de Saint-Remi à la cathédrale Notre-Dame. 

 

gravure réalisée pour le Sacre de Louis XIV en juin 1654 (Bibliothèque municipale de Reims).


Au premier plan, au centre, le Grand Prieur de Saint-Remi, sous un baldaquin, porte la Sainte Ampoule. Il est monté sur une haquenée, c’est-à-dire une jument de petite taille et facile à conduire. Derrière lui, il y a les quatre chevaliers de la Sainte Ampoule. Sur la droite, on voit le groupe des moines de Saint-Remi et, ensuite, des soldats. Au fond, à droite, la façade de la cathédrale de Reims domine un grand rassemblement de spectateurs.


Ensuite, la cérémonie dans la cathédrale dure plusieurs heures. L’archevêque remet au roi les Regalia : la couronne, la main de justice, le sceptre, l’épée, les éperons et l’anneau. Le souverain reçoit aussi l’onction de la Sainte Ampoule. Le Sacre possède une double signification, à la fois religieuse et laïque. Sur le plan religieux, la cérémonie confère au monarque une puissance spirituelle particulière. En même temps, le roi devient le premier défenseur du royaume et donne des garanties à son peuple : il s'engage à maintenir la paix mais aussi à être juste et miséricordieux.

 

 

Couronnement de Louis VIII et de Blanche de Castille à Reims en 1223 , extrait des Grandes Chroniques de France enluminées par Jean Fouquet vers 1455-1460 (Bibliothèque nationale de France)

 

Né en septembre 1187, Louis VIII est le fils de Philippe Auguste. Quand ce dernier décède en juillet 1223, après 43 années de règne, le nouveau roi a 36 ans et il est marié depuis une vingtaine d'années à Blanche de Castille. Il est le premier capétien à a être sacré après la mort de son père. Jusque-là, en effet, les souverains prenaient la précaution de faire sacrer leur fils aîné de leur vivant pour éviter toute contestation. Le changement de 1223 est significatif du renforcement de la dynastie capétienne qui ne ressent plus le besoin de prouver sa légitimité.

L’enluminure représente le roi et la reine, agenouillés dans la cathédrale. Le souverain revêtu du manteau du sacre est sur le point de recevoir la couronne des mains de l’archevêque de Reims, Guillaume de Joinville. Derrière eux se trouvent Jean de Brienne, roi de Jérusalem, qui tient la couronne qui, un peu plus tard, servira pour la reine. Celle-ci est en effet sacrée après son époux mais avec un cérémonial simplifié et des ornements plus petits ; un prélat, non identifié, porte le sceptre et la main de justice ; le comte de Flandre tient l’épée du roi et, enfin, l’évêque de Beauvais tient la tunique royale. En arrière-plan se pressent les grands seigneurs laïcs et ecclésiastiques qui assistent à la cérémonie.


Les frais du sacre de Louis VIII se sont montés à 4 000 livres parisis, soit environ 800 000 euros d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs à cette occasion que l’archevêque de Reims, qui jusque-là finançait sur sa fortune personnelle les frais du sacre en tant que vassal devant à son suzerain le gîte et le couvert, les transfère sur les Rémois sur lesquels il lève une taxe qui se renouvellera à chaque sacre.


Après la sortie de la cathédrale a lieu le festin royal au palais du Tau.


Le festin royal au sacre de Louis XV, 25 octobre 1722 (tableau de Pierre-Denis Martin, musée national du château de Versailles).


Le lendemain du Sacre se déroulent deux cérémonies. C’est d’abord la cavalcade qui voit le roi aller du palais du Tau à Saint-Remi pour se recueillir devant le tombeau de l’évêque. Il est accompagné d’un impressionnant cortège, plus de mille personnes lors du sacre de Louis XV. 

 

 


La cavalcade du Sacre de Louis XV, 26 octobre 1722 (tableau de Pierre-Denis Martin, musée national du château de Versailles).


C’est ensuite le toucher des écrouelles. Par les origines divines de son pouvoir, le roi possède, dit-on, le don de guérir par un simple toucher les personnes atteintes de la maladie des écrouelles dont le nom médical moderne est l’adénite tuberculeuse. Il appose également ses mains sur les religieuses chargées de soigner les scrofuleux, afin de les protéger de la maladie. Au départ, le toucher des écrouelles avait lieu à l’Abbaye de Corbeny, dans l’Aisne. Mais à partir du Sacre de Louis XIII, en 1610, il va se dérouler à Reims dans les jardins de l’Abbaye Saint-Remi. Il y a parfois plusieurs centaines de malades qui attendent le toucher royal et l’espoir d’une guérison dont certains cas sont réellement avérés. Mais il faut dire que l’on sait aujourd’hui que l’adénite tuberculeuse peut régresser voire disparaître spontanément.

La ville doit aussi être prête à recevoir le roi. Il faut nettoyer les rues et les habitants doivent illuminer les fenêtres de leurs maisons. En ce qui concerne les frais du sacre ils sont au départ à la charge de l'archevêque en tant que vassal du roi. Mais à partir du sacre de Louis VIII en 1223, l’archevêque va lever à chaque sacre un impôt spécifique sur ceux qui relèvent de son autorité. Il s’agit des habitants de Reims, à l’exception de ceux de Saint-Remi qui relèvent de l’autorité du prieur de l’Abbaye. Mais paient aussi cet impôt les habitants des sept châtellenies extérieures à Reims qui dépendent de l’archevêque, à savoir Cormicy, Attigny, Betheniville, Courville, Sept-Saulx, Nogent-la-Montagne et Chauny. Enfin, à partir du sacre de Philippe IV le Bel, en 1328, c’est la Ville de Reims qui prend désormais en charge les frais de la cérémonie, en liaison avec les officiers royaux. Grâce à cette solution, elle peut mieux contrôler les dépenses. La ville avance les fonds, qu’elle emprunte auprès des plus riches bourgeois ou auprès de banquiers extérieurs, puis elle les récupère en levant une imposition sur les Rémois.

Si les Sacres des rois de France se déroulent la plupart du temps dans une atmosphère extrêmement solennelle, des incidents surviennent parfois comme celui qui a lieu le 17 octobre 1610, jour du sacre de Louis XIII. L'incident est lié au fait que, traditionnellement, une délégation d'habitants du Chesne-le-Populeux (le Chesne actuel, dans le département des Ardennes), venue à ses frais à Reims, accompagne le cortège de la Sainte Ampoule. Cette charge, coûteuse, est due par les habitants du Chesne en raison de leur dépendance de l’Abbaye de Saint-Remi de Reims.

Le matin du dimanche 17 octobre 1610, tout se passe sans encombre. Le Grand Prieur part de Saint-Remi et remet la Sainte Ampoule à l’archevêque. Après la cérémonie, elle lui est rendue pour être ramenée, toujours en procession, à l’abbaye. C’est lors de ce retour que les habitants du Chesne-le-Populeux montent un véritable traquenard. Ils décident d’abord de se scinder en deux groupes pour encadrer le cortège puis, arrivés en vue de l’Abbaye, ils se tournent face aux religieux qu’ils menacent ouvertement en criant « c’est à nous cette haquenée et nous allons la prendre, dût-il nous en coûter la vie ». Certains jettent alors en bas de sa jument le Grand Prieur qui ne peut guère se défendre, tout occupé qu’il est à protéger la Sainte Ampoule. En même temps d’autres habitants du Chesne frappent plusieurs religieux avec des bâtons et des épées qu’ils avaient liés à leurs bras à l’aide de cordes. Enfin, ils prennent la fuite après avoir volé la jument et tout son équipement !

Suite à cette violente agression, trois notables du Chesne sont arrêtés. Présentant leurs excuses aux religieux, ils expliquent le geste de leurs concitoyens par leur désir d’être dédommagés du coût que représente leur venue à Reims. Étant dans l’impossibilité de restituer la haquenée, déjà vendue, ils sont condamnés à verser à l’abbaye une somme de 350 livres à titre de compensation. Cependant, le Grand Prieur de Saint-Remi ne tarde pas à leur accorder son pardon et à s’engager à leur verser dorénavant, lors de chaque Sacre, une somme de 50 livres pour qu’ils puissent se loger et s’équiper correctement.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Adolphe Clément-Bayard et la Macérienne de Mézières

Adolphe Clément et son fils Albert dans les Ardennes en 1904, photographie de l'agence Rol (BNF-Gallica). Adolphe Clément naît en septembre 1855 à Pierrefonds dans l’Oise. Son père est un modeste épicier. Le jeune Adolphe se forme par ses propres moyens à la serrurerie et à la mécanique en effectuant son tour de France. Il se passionne pour la bicyclette qui est une invention récente et participe aux premières courses cyclistes. Mais il entend créer sa propre entreprise et ouvre, en 1878, un atelier de fabrication de cycles à Paris sous la marque "Le Clément". Très vite le modeste atelier prospère et en 1886 Adolphe Clément est le plus important constructeur de cycles français.      Publicité pour les cycles Clément (BNF-Gallica).   Un tournant se produit en 1890 quand il acquiert la licence du pneu Dunlop. En devenant le représentant exclusif en France de l'entreprise, il réussit un coup de maître qui lui rapporte une fortune. Toujours prompt à ré...

De la place de de la Couture à la place d’Erlon

  La première mention de la Couture figure dans une charte de 1183 de l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains. Celui-ci, désireux de développer sa ville, décide de lotir des terrains qui portent des cultures maraîchères (d'où le nom de couture, c'est à dire culture en ancien français) au sud de la cathédrale. Il accorde nombre de facilités à ceux qui voudraient  s'y installer et, rapidement, tout un monde de charpentiers, de charrons et de tonneliers vient y habiter. Un nouveau quartier se développe qui se dote de son église, l’église Saint Jacques. Au centre de ce quartier est édifiée une vaste place conçue pour les foires. Elle est suffisamment large pour pouvoir abriter des étaux pour les commerçants et les habitants reçoivent le droit de construire devant leur maison des loges, c'est à dire des portions de galeries s’ouvrant largement sur le dehors. L'archevêque y transfère la foire de Pâques qui se tenait jusque-là dans un champ, à la périphé...

La contrebande dans les Ardennes sous l’Ancien Régime.

    Cette contrebande concerne essentiellement le tabac et le sel, deux produits dont l’État royal possède le monopole de la vente et sur lesquels il lève une taxe. Celle-ci n’est d'ailleurs pas perçue par une administration au sens moderne du terme mais par ce que l’on appelle la Ferme Générale qui est une association de financiers privés qui ont acheté au roi le droit de prélever la taxe en lui assurant une certaine somme prévue à l'avance et en gardant le reste pour eux. Les taxés paient donc non seulement ce qui est reversé au roi mais aussi ce que la Ferme juge bon de recevoir comme profit personnel. Dans ces conditions on comprend que la tentation est grande d’y échapper, ce qui alimente une importante contrebande.   En ce qui concerne le tabac, les contrebandiers ardennais s’approvisionnent à l’étranger, en particulier dans le pays de Liège, mais aussi dans le Hainaut français qui bénéficie d’une taxe sur le tabac moins élevée. Le trafic semble considé...

Le département des Ardennes au début du XIXe siècle

    Le département des Ardennes naît, comme les autres départements français, par décision de la Constituante le 26 février 1790. D’une superficie d’un peu plus de 5 000 km² il ne présente pas vraiment d’unité géographique : le sud, avec Rethel et Vouziers, appartient à la Champagne. Le nord regroupe la vallée de la Meuse et le début du massif ancien de l’Ardenne. A l’est, avec le vaste plateau forestier de l’Argonne on approche de la Lorraine. A l’ouest, ce sont les confins de la Thiérache, verte et herbagère. Il n’existe pas non plus de véritable unité historique : la région a longtemps été partagée entre l'influence française et l'influence espagnole, la première l’emportant définitivement à partir du règne de Louis XIV. Le département réunit des territoires appartenant pour l’essentiel à l’ancienne province de Champagne mais aussi au gouvernement de Lorraine pour la région de Carignan et à l’ancien évêché de Liège pour Philippeville et Bouillon, ces...

1er septembre 1870, le désastre de Sedan

  A la f in du mois d'août 1870, la guerre que la France a imprudemment engagée en juillet contre l’alliance formée entre la Prusse et les états de l’Allemagne du Sud est en train de tourner à la catastrophe pour des troupes françaises courageuses mais mal équipées et commandées par des chefs médiocres. Les Allemands sont parvenus à couper l’armée française en deux. Une partie, commandée par le maréchal Bazaine, s’est enfermée dans Metz, tandis que l’autre, commandée par le maréchal de Mac-Mahon et l’empereur Napoléon III, qui a échoué à traverser la Meuse est arrivée aux alentours de Sedan.   Carte d’état-major indiquant en bleu la disposition des troupes allemandes et en rouge celle des troupes françaises (Archives départementales des Ardennes). Durant toute la matinée du 1er septembre 1870, l’artillerie allemande forte d’environ cinq cents canons et  qui, depuis plusieurs jours, est installée sur les hauteurs autour de Sedan bombarde les trou...

Le cardinal de Lorraine

Portrait du cardinal Charles de Lorraine attribué au Greco, vers 1572 (Musée de Zurich).   Charles de Lorraine naît le 17 février 1525. Il est le deuxième fils de Claude de Lorraine, premier duc de Guise. Son frère François, en tant qu’aîné, est destiné à la carrière des armes et lui à celles des hautes fonctions ecclésiastiques. C’est la coutume à l’époque dans les grandes familles princières, que l’impétrant ait la vocation ou pas. En 1535, Charles entre au collège de Navarre à Paris où il se révèle un élève brillant. En 1538 son oncle Jean de Lorraine, titulaire d’une douzaine d’évêchés, abandonne celui de Reims au profit de son neveu qui a 13 ans. Cela nous choque aujourd’hui mais le processus est courant à l’époque. Les sièges épiscopaux importants, sources d’énormes revenus, sont souvent cumulés par des proches du roi et servent à récompenser des services politiques ou diplomatiques. Dans ce cas, on touche les revenus du diocèse tout en n’...

Baudouin II roi de Jérusalem

                En 1118 Baudouin, seigneur de Bourcq près de Vouziers, et fils du comte de Rethel Hugues 1er, devient roi de Jérusalem sous le nom de Baudouin II. L’arrivée de Baudouin de Bourcq en Palestine est liée à la première croisade, lancée en 1096 par le pape Urbain II, un Champenois d’origine qui a fait ses études à l’école épiscopale de Reims, alors une des meilleures de la chrétienté. Cette croisade présente un double visage, la croisade populaire, prêchée et dirigée par Pierre l’Ermite, et la croisade des chevaliers commandée par Godefroy de Bouillon, un seigneur originaire des actuelles Ardennes belges. Godefroy de Bouillon se fait accompagner par nombre de ses vassaux, notamment son frère, Baudouin de Boulogne, et son cousin, Baudouin de Bourcq. D’autres chevaliers ardennais sont aussi de l’expédition comme Roger de Chateau-Porcien ou Robert de Senuc. Si la croisade populaire est exterminée par les musulmans dès son arri...

1523 : création du bailliage de Reims

      La rue de la prison du Bailliage, située tout près de l'Hôtel de Ville, rappelle encore aujourd'hui l'ancien bailliage de Reims.   Un bailliage est une circonscription administrative née au XIIIe siècle avec à sa tête un bailli qui représente le pouvoir royal. Au départ, le bailli possède des pouvoirs très étendus, à la fois militaires, fiscaux et judiciaires mais, progressivement, il ne va conserver que son rôle de représentant de la justice royale.  Le bailli juge à la fois au criminel et au civil. Il est aussi juge d’appel, c’est à dire qu’il a le droit de réviser les sentences déjà prononcées. Il a aussi la main sur toutes les affaires où l'intérêt du roi est en question. Mais son pouvoir judiciaire connaît tout de même des limites car il doit tenir compte de la présence des nombreuses justices seigneuriales qu’il doit théoriquement respecter. Ainsi, à Reims, l’autorité, ce que l’on appelle à l’époque le droit de ban, appartient à des seign...

La forêt ardennaise d'autrefois

  Le département des Ardennes, surtout dans sa partie nord, est depuis toujours largement forestier. Cette forêt ardennaise est historiquement une forêt de feuillus composée de chênes, de hêtres et de bouleaux, les résineux n’étant massivement introduits qu’au XXe siècle. La forêt n’est jamais bien loin du village ardennais et constitue pour le paysan le complément nécessaire de son champ. Il y puise d’abord le bois dont il a besoin. Le chêne est réservé aux charpentes des maisons mais aussi à la fabrication de meubles. Le hêtre, lui, est largement utilisé pour fabriquer les outils agricoles ou les charrettes. Pour le bois de chauffage le droit d’affouage permet aux villageois de prélever du bois blanc ou du taillis, dans les forêts communales. Quant à ceux qui sont officiellement reconnus comme indigents, il sont autorisés à ramasser les bois morts.  Les forêts sont aussi ouvertes au bétail des paysans qui y mènent leurs porcs à la glandée. Le droit de vaine pâture offre la ...

Visites présidentielles à la Belle Époque

  L a fonction de p résident de la République naît en 1848 avec la Seconde République. Son premier titulaire, élu au suffrage universel ( masculin ) en décembre 1848 , est le prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier. Profitant du développement des chemins de fer, il inaugure aussi la tradition des voyages présidentiels. Le 28  août 1850 il s’arrête ainsi à Reims au retour d'un voyage de plusieurs jours en Alsace.   Médaille commémorant la visite de Louis-Napoléon Bonaparte à Reims le 28 août 1850 (Musées de Reims)   Après avoir renversé la République par le coup d'état du 2 décembre 1851, il multiplie ses voyages en province pour préparer l’opinion publique au rétablissement de l’Empire qui a lieu le 2 décembre 1852. Après la chute du Second Empire en septembre 1870 et la proclamation de la Troisième République, les voyages présidentiels ne reprennent pas immédiatement car le nouveau régime est encore bien fragile et ne s...