Jean-Baptiste Armonville naît à Reims, le 18 novembre 1756, dans une famille pauvre. Son père, après avoir été soldat sous le surnom de Saint-Amour, est devenu ouvrier sergier. Orphelin de mère à quatorze ans, Jean-Baptiste Armonville perd aussi, peu de temps après, son père. Il est alors recueilli par deux oncles et devient cardeur en laines. Malgré la dureté de sa condition il parvient à apprendre à lire et à écrire même si c'est de manière assez limitée. Il a aussi la charge de ses cinq enfants qu’il doit même abandonner provisoirement à l’Hôtel-Dieu de Reims, après le décès de sa femme.
En 1789, Jean-Baptiste Armonville adopte immédiatement les idées révolutionnaires et anime les réunions populaires qui ont lieu à l’ancien couvent des Minimes, en plein quartier Saint-Remi qui est celui de l’industrie lainière rémoise. Son influence sur les ouvriers de la laine apparaît en pleine lumière dans l’été 1792 quand la guerre menace la frontière de l’Est. Le 4 juillet 1792, à la tête d’une manifestation de 3 500 ouvriers pleine de colère contre les émigrés et les aristocrates, il réussit à empêcher les violences inutiles.
Quand au début du mois de septembre 1792, une nouvelle assemblée, la Convention, est élue mais cette fois au suffrage universel (masculin) et non plus comme pour celles qui l'avaient précédée, la Constituante et la Législative, au suffrage censitaire qui permettait seulement aux riches de voter. Le 4 septembre 1792, Jean-Baptiste Armonville est élu député de la Marne. Le 20 septembre, jour de la proclamation de la République et début de la Convention, son arrivée fait sensation. Seul député ouvrier de l’Assemblée, il entre coiffé de son éternel bonnet rouge, et pour symboliser l’égalité entre les citoyens, il le fait au bras du cousin du roi, le duc d’Orléans, député de Paris sous son nom révolutionnaire de Philippe-Égalité. Proche de Marat, Jean-Baptiste Armonville siège évidemment à l’extrême-gauche, parmi les Montagnards. Il vote la mort de Louis XVI mais son rôle à la Convention est modeste. Après la chute et l’exécution de Robespierre en juillet 1794, il reste fidèle à ses idées jacobines. Il accroche chez lui un portrait de Robespierre et continue à porter le bonnet rouge, ce qui lui vaut de nombreuses insultes de la jeunesse dorée de l’époque, les Muscadins.
Il
s'agit du seul portrait connu de Jean-Baptiste Armonville. Il fait partie d'une
série de gouaches peintes par Pierre-Etienne Lesueur pendant la
Révolution. Sous le portrait il est écrit : "Le député Armonville était toujours en bonnet rouge : il avait un ami nommé Bertrant à qui il écrivit une lettre d'un stile bien bête et bien révolutionnaire [il s'agit d'une lettre envoyée à Brutus Bertrand, autre sans-culotte rémois, que ses détracteurs avaient utilisée pour moquer ses faiblesses orthographiques et rédactionnelles]" (Musée Carnavalet).
Quand, fin 1795, la Convention se sépare pour laisser place au Directoire, Jean- Baptiste Armonville bien évidemment ne fait pas partie de la nouvelle assemblée. Sur le plan personnel il demeure aussi pauvre qu'à son arrivée à la Convention, au point que, n’ayant même pas l’argent pour payer son retour à Reims, il doit solliciter un secours financier. Il ne tarde pas à adhérer aux idées révolutionnaires de Gracchus Babeuf dont il fait la propagande auprès des ouvriers de l’Aisne, de la Marne et des Ardennes. Inquiété pour ce motif par les autorités, il est mis en état d’arrestation à Soissons mais il est sauvé par un magistrat nommé Silvy. En 1798, comme il est sans ressources, les quelques relations qu’il a conservées à Reims, le font nommer Inspecteur de l’entretien des routes, dans l’Oise puis dans les Ardennes. Mais il est destitué sous le Consulat et, en 1800, il part à Nantes où il vit pauvrement, exerçant les professions de garde-magasin et de tisseur dans une manufacture. Il ne revient à Reims qu’en septembre 1808 et y décède deux mois plus tard, dans la misère la plus totale. Si, par la suite, un de ses enfants peut faire des études et entrer au Conservatoire des Arts et Métiers, c’est grâce à la générosité des quelques amis que son père avait gardés à Reims.
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