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Les heures glorieuses du Football-Club de Sedan



Fondée en 1919 l’Union Athlétique Sedan-Torcy (U.A.S.T.) est à ses débuts un modeste club de football qui stagne dans les championnats régionaux. 

 


Le Stade Émile Albeau (coll.part).  En 1919, les joueurs de l'UAST évoluent sur un terrain non gazonné, sans vestiaires ni tribunes. Dans les années 1930 ce terrain  est aménagé et en 1936 il prend le nom de Stade Émile Albeau (Émile Albeau est maire de Sedan de 1929 à 1935, année de  son décès). Le stade est démoli au tout début des années 2000

 

Mais, en 1947, Lucien et Maurice Laurant, deux frères propriétaires d’une entreprise textile, les Draperies Sedanaises, entrent dans le comité dirigeant du club. Durant près de trente ans, ils vont faire de Sedan un des clubs phares du football français en réalisant la symbiose entre leur propre entreprise et le club. Pour cela ils recrutent de bons joueurs amateurs à qui ils proposent un emploi dans leur usine. Ils recrutent aussi un remarquable entraîneur, Louis Dugauguez, qu’ils nomment directeur commercial. Naît alors le club des footballeurs-ouvriers auquel les Ardennais s’identifient. Contrairement à ce qui se passe dans les autres clubs français, les joueurs ardennais ne se contentent pas seulement de jouer au football. Tous ont un emploi. Ils partent à l'entraînement tôt le matin avant de prendre leur poste à l’usine. Le soir, après le travail, c’est de nouveau l’entraînement. Leur salaire de footballeur double ce qu’ils gagnent à l’usine.

 



Les frères Laurent en compagnie de Louis Dugauguez (coll.part).


Le premier coup d’éclat a lieu en Janvier 1950 quand encore en division d'honneur le club élimine Nice en 32e de finale de la Coupe de France. En 1953 l’équipe passe professionnelle. En 1953-54 le club de Sedan fait des débuts remarqués dans le championnat de France de deuxième division. Lors de la saison 1955-1956 il accède à la première division et pour cette première saison remporte, le 27 mai 1956, face à Troyes, la finale de la Coupe de France au stade de Colombes.  

 

 Supporters ardennais arrivant à la gare de l'Est pour assister à la finale de la Coupe de France 1956 (source L'Ardennais).

 

Ceux que la presse surnomment les « ardents Ardennais » remportent encore cette Coupe de France le 7 mai 1961 face à Nîmes. 

 

L'équipe victorieuse de 1961 avec au centre du premier rang Zacharie Noah, le père de Yannick Noah (coll.part).  

La France entière se passionne pour cette équipe peu ordinaire. Ces succès vont amener le club de Sedan à recruter de vrais joueurs professionnels mais c’est globalement un échec car l’osmose ne se fait pas entre ces professionnels qui n’ont guère « l’esprit Sedan » et les footballeurs-ouvriers. Du coup, en 1965, l'équipe repart presque de zéro en s'appuyant sur des jeunes formés au club. L’équipe de Sedan atteint une nouvelle fois la finale de la Coupe de France en 1965 face à Rennes. Mais une décision douteuse de l'arbitre oblige à rejouer cette finale qui est perdue pour Sedan. Cette défaite marque le début du déclin ardennais. Cependant, ce dernier ne s'explique pas seulement par ce coup du sort sportif. Le club ardennais manque aussi cruellement de moyens financiers d’autant plus que la crise économique qui commence à toucher de plein fouet les Ardennes aggrave encore la situation. Malgré des résultats qui restent flatteurs, en 1969 ils sont demi-finalistes de la Coupe de France et en 1970 ils manquent de peu de terminer en tête du Championnat de France, les Sedanais sont relégués en 1975 en deuxième division et l’année suivante en troisième division. C’est la fin de l’époque la plus glorieuse des Sangliers des Ardennes
















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