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Visites présidentielles liées aux deux guerres mondiales



  Les visites de Raymond Poincaré

 

Au cours de la Première Guerre mondiale, le président de la République,  Raymond Poincaré, se déplace quatre fois à Reims alors sous le feu des canons allemands. Les deux premières visites sont rapides. Le 13 décembre 1914 Raymond Poincaré effectue une courte visite d’une heure et demie environ, laissant à son départ 5 000 francs pour les pauvres. Fin juin 1915, il revient brièvement à Reims après avoir rencontré le général Franchet d’Espérey à son quartier-général de Jonchery-sur-Vesle. Par contre ses deux visites de 1917 présentent un relief particulier. Le dimanche 17 juin 1917 Raymond Poincaré vient remettre la Légion d’Honneur à plusieurs personnalités rémoises. La cérémonie se déroule dans le cellier d’expédition de la maison de champagne Werlé, 6 rue de Mars, où les services de la mairie se sont installés depuis l’incendie de l’hôtel de ville de mai 1917. Le président de la République, arrivé à 14h30 en voiture, est accompagné d’une petite délégation d’officiels : Léon Bourgeois, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, les députés Camille Lenoir et Bertrand de Mun, les sénateurs Ernest Montfeuillard et Emile Vallé, le préfet, le sous-préfet et trois généraux, Fayolle, Micheler et Cadoux. Étant donné les circonstances, la cérémonie se limite à sa plus simple expression. Arrivé dans la salle dont les murs laissent voir la trace d’une brèche faite par un obus allemand, le président se dirige d’abord vers l'archevêque de Reims, Mgr Luçon, à qui il donne l’accolade puis salue le maire, Jean-Baptiste Langlet. Il prononce ensuite un bref discours puis remet la croix de la Légion d’honneur à chaque décoré, le cardinal Luçon, les adjoints au maire Emile Charbonneaux et Jean de Bruignac, le directeur de l’Ecole professionnelle, M.Beauvais, le Secrétaire-général de la sous-préfecture, M.Martin (qui sera tué d’un éclat d’obus le 28 juillet suivant) et le rédacteur en chef de L’éclaireur de l’Est, Paul Dramas. L’assistance est peu nombreuse. Outre les officiels, on compte quelques membres du clergé qui accompagnent le cardinal Luçon, dont le chanoine Lecomte, secrétaire général de l’Archevêché, quelques représentants des services municipaux et enfin, selon la compte-rendu qu’en fait le journal catholique La Croix, "trois ou quatre dames". Le service d’honneur est assuré par quatre soldats du 410e régiment d’infanterie, commandés par un lieutenant. Après la cérémonie, Raymond Poincaré parcourt quelques quartiers particulièrement éprouvés par les bombardements et s’arrête à la cathédrale. Il termine enfin par une visite à des blessés, tant civils que militaires. Il est à noter que le déplacement présidentiel se fait sous les bombardements puisqu’on estime que ce jour-là 1 200 obus allemands sont tombés sur la ville.

 

Les personnalités devant l'entrée de l'Hôtel de Ville incendié. On reconnaît au centre le maire Jean-Baptiste Langlet (barbe blanche) et à sa droite Raymond Poincaré. Le préfet de la Marne, André Chapron, figure à l'extrême gauche de la photo (képi, veste à dolmans). Au second rang à gauche le personnage en uniforme est le général Henri Cadoux.

 

 


Le cardinal Luçon fait visiter la cathédrale dévastée au Président de la République. Derrière eux le maire Jean-Baptiste Langlet. Pour l'anecdote, ce dernier, anticlérical farouche, qui se faisait un devoir de ne jamais pénétrer dans la cathédrale, a dû faire une exception pour la visite présidentielle même s'il pouvait arguer que l'édifice dans l'état où il était ne pouvait abriter aucune cérémonie religieuse.


Raymond Poincaré revient encore à Reims fin septembre 1917, accompagné cette fois du roi d’Italie Victor Emmanuel III qui effectue alors un voyage officiel en France qui l’a mené successivement en Alsace, à Verdun et sur le front de l’Aisne. Le passage à Reims a lieu dans l’après-midi du 27 septembre. Les deux chefs d’État  arrivent d’abord à la gare où les honneurs leur sont rendus. Ensuite, le président de la République et le roi d’Italie, accompagnés des généraux Pétain et Gouraud, effectuent une visite à la cathédrale et vont voir les décombres de l’Hôtel de Ville.

 

 

Raymond Poincaré et Victor Emmanuel III à leur arrivée à Reims le 27 septembre 1917 (Établissement de Communication et de Production audiovisuelle de la Défense).  Le président de la République porte la tenue qu’il revêt habituellement pour se rendre sur les champs de bataille et qui est souvent moquée pour sa ressemblance avec celle d’un chauffeur d’automobile (vareuse, jambières et casquette à visière de cuir).

 

Ces visites ont des finalités bien précises. Il s’agit de soutenir la population civile, de moins en moins nombreuse d’ailleurs puisque la plupart des Rémois ont quitté la ville, mais aussi de montrer à l’opinion publique française que la vie continue dans la ville martyre. Enfin, Raymond Poincaré n’est probablement pas mécontent de rappeler l’existence du pouvoir civil alors que Reims se situe dans la zone des armées et que le propre déplacement du président n’a été possible qu’avec l’aval des autorités militaires.

Au lendemain immédiat du conflit, Raymond Poincaré qui est encore chef de l’État jusqu’en février 1920 se soucie de renouer au plus vite le contact avec les régions qui ont le plus souffert. Il vient à Reims le 6 juillet 1919 pour remettre deux Légions d’Honneur, la première à la Ville, la seconde à la compagnie des Sapeurs pompiers. Outre le cas particulier de Verdun qui est décorée durant le conflit, en 1916, 26 villes françaises sont décorées entre 1919 et le début des années 1930. Sur ces 26 villes Reims est la première à avoir eu cet honneur. Quant à la compagnie des Sapeurs-pompiers, elle est décorée pour la bravoure qu’elle a montrée sous le feu des canons allemands. Sitôt les décorations remises, le président de la République effectue une visite pour constater l’ampleur des destructions. Il peut d’ailleurs d’autant mieux se rendre compte des dégâts que le déblaiement des gravats n’a pas encore commencé et que les ruines jonchent encore les rues. Il se rend en particulier à la cathédrale où l’architecte Marc Sainsaulieu lui explique les consolidations en cours.

 

 

La remise de la  Légion d'Honneur à la Ville de Reims. La cérémonie est très sobre. Une simple estrade est dressée sur le perron de l’Hôtel de Ville aux murs noircis par le feu. Sur la place se regroupent  les militaires, les personnalités, les enfants des très rares écoles qui viennent de rouvrir et une petite foule de spectateurs, forcément limitée puisque tous les Rémois sont encore loin d’avoir regagné leur cité (Archives municipales de Reims). 

 

Le 1er décembre 1919, c’est au tour des Ardennes de recevoir la visite du président Poincaré. Le département a connu pendant quatre ans une occupation allemande très dure, et cela sur la totalité de son espace, ce qui en fait le seul département français dans ce cas. Raymond Poincaré ne se contente pas de s’arrêter à Mézières et à Charleville, alors deux communes séparées, mais il va aussi à Rimogne, à Bourg-Fidèle, à Revin, à Fumay et à Haybes. Dans ce dernier bourg, il est reçu au milieu des ruines où Marie-Louise Dromart lui remet un rapport sur les atrocités commises du 24 au 26 août 1914 par les Allemands.

 


Raymond Poincaré à Fumay (revue Ardenne-Wallone)

 

Raymond Poincaré à Haybes. Fin août 1914, après être entrés dans Haybes, les Allemands, attaqués par des soldats français, subissent de lourdes pertes. En représailles, ils massacrent 60 civils et incendient 600 maisons. Marie-Louise Dromart, née à Haybes en 1880, est une poétesse connue. Infirmière volontaire elle a eu une conduite héroïque lors de ces terribles journées d’août 1914 en parvenant à sauver plusieurs habitants (Archives départementales des Ardennes).

  

Les visites liées à la reconstruction

 

Reims reçoit par trois fois un président de la République dans le cadre de sa reconstruction. Le 10 juin 1928 Gaston Doumergue vient à Reims inaugurer l’Hôtel de Ville reconstruit et la nouvelle bibliothèque financée par la Dotation Carnegie pour la paix internationale ce qui explique la présence aux côtés du président de la République de l’ambassadeur des États-Unis, Myron Henrick. Après ces deux inaugurations, un grand banquet est donné dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville.


Le banquet à l'Hôtel de Ville a été élaboré par le traiteur Degermann, installé rue Buirette depuis 1900. Au menu, "petites truites de rivière à la gelée de champagne, pâté de pigeon rémois, petits pois chantilly, chapon de Bresse à la broche, tortues de foie gras, salade mimosa, glace montmorency, oublies, fruits, café". En outre, biscuits et massepains sont offerts par les 8 biscuiteries rémoises existant à l’époque et le repas se fait entièrement au champagne offert par 28 maisons (Bibliothèques Municipales de Reims).


le 2 juin 1935, le président Albert Lebrun vient à Reims inaugurer le nouveau pont de Vesle qui remplace l'ancien pont tournant détruit pendant la guerre. Il en profite aussi pour inaugurer un équipement qui lui n’est pas lié à la reconstruction puisqu'il s’agit du Stade-Vélodrome municipal (le nom d’Auguste Delaune lui sera attribué seulement une bonne décennie plus tard).

 


Albert Lebrun inaugurant le Stade-Vélodrome municipal.  Ce dernier ne porte pas encore le nom d’Auguste Delaune, dénomination qui lui sera attribuée seulement une bonne décennie plus tard (Bibliothèques Municipales de Reims).

 

En juillet 1938, le même Albert Lebrun vient assister à l’inauguration de de la cathédrale reconstruite. Mais si les cérémonies durent trois jours du vendredi 8 juillet au dimanche 10 juillet et drainent plus de 100 000 spectateurs, la visite du président de la République se fait dans une relative discrétion. Tout d’abord la venue d’Albert Lebrun est plusieurs fois annoncée puis démentie et, finalement, elle n’est officialisée que le 4 juillet. Ensuite, le président n'arrive que le samedi 9 juillet au soir à la sous-préfecture où il passe la nuit. Le dimanche 10, il assiste le matin à la cérémonie religieuse mais quitte Reims dès 11h30. En fait, on se trouve toujours devant la difficulté à concilier politique et religion. Certes, la cathédrale de Reims reconstruite est un symbole fort pour le pays mais Albert Lebrun est aussi le chef d’un État laïque où l’État et les Églises sont séparés. 

 


Albert Lebrun devant la cathédrale de Reims restaurée (coll.part)


En ce qui concerne les Ardennes le 16 juillet 1933, le Président Albert Lebrun vient à Mézières qui est par ailleurs la ville de naissance de son épouse. Le président inaugure deux bâtiments reconstruits, l’Hôtel de Ville et l’Hôpital Manchester. Il faut en effet rappeler que dans les derniers temps du premier conflit mondial, Mézières a subi des bombardements destructeurs. Le nouvel Hôtel de Ville de Mézières est construit, de 1927 à 1930, par les architectes Marie Eugène Chifflot et Robert Colle qui ont conçu un bâtiment inspiré des édifices municipaux de la fin du Moyen-Age. Quant au nouvel hôpital il prend le nom de la ville anglaise de Manchester. Au sortir de la guerre les villes détruites ont d’énormes besoins de financement pour leur reconstruction. Beaucoup reçoivent alors une aide financière en provenance de villes étrangères qui deviennent leurs marraines de guerre. Ainsi, la ville de Manchester participa financièrement, ce qui explique la présence de son maire, Sir William Walker, à l'inauguration. On peut noter aussi que le préfet des Ardennes est alors Jules Scamaroni dont le fils, le résistant Fred Scamaroni, se suicidera en 1943 pour ne pas parler sous la torture.


 


Albert Lebrun à Mézières (photographie extraite des Actualités filmées, Institut National de l'Audiovisuel).



Le nouvel Hôtel de Ville de Mézières (Archives départementales des Ardennes).


Les visites présidentielles en lien avec la Seconde Guerre mondiale et les visites mémorielles.

Pendant la Seconde Guerre mondiale Reims et les Ardennes n’ont pas connu les mêmes destructions que lors du premier conflit mondial. Cependant, Le dimanche 28 juin 1948, le président Vincent Auriol, accompagné de François Mitterrand alors Ministre des Anciens Combattants, vient dans les Ardennes. Il inaugure à Sedan l'avenue du Général Leclerc, mort dans un accident d’avion l’année précédente, puis, à Revin, le monument en hommage aux morts du maquis des Manises. 

 

 L'inauguration du Monument en hommage aux Morts du maquis des Manises (coll. part).


Le même Vincent Auriol vient aussi à Reims le 8 mai 1950 pour commémorer l’anniversaire de la capitulation allemande.

 


Vincent Auriol à Reims le 8 mai 1950 (Archives Municipales de Reims).

Le 6 septembre 1964, dans le cadre des commémorations du 50e anniversaire de la bataille de la Marne, le général de Gaulle, après avoir visité les sites qui ont vu l'armée française stopper l'offensive allemande, se rend à Reims où il prononce un discours devant la Cathédrale. Plus près de nous, le Président Emmanuel Macron s’est rendu à Reims et à Charleville-Mézières lors de son itinérance mémorielle de novembre 2018, déplacement assez baroque d’ailleurs car mêlant des aspects commémoratifs et des préoccupations économiques et sociales. Ainsi, le 6 novembre 2018, Emmanuel Macron inaugure, en compagnie du président malien Ibrahim Boubacar Keita, le monument aux héros de l'Armée noire, installé depuis 2013 dans le parc de Champagne. Le lendemain, il préside à Charleville-Mézières un conseil des ministres, délocalisé pour l’occasion, consacré aux difficultés des territoires désindustrialisés.


 

Les présidents français et malien à l'inauguration du Monument aux héros de l'Armée Noire (FR3-Grand-Est).

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