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Buffalo Bill à Reims et dans les Ardennes, juin 1905.

 


Buffalo Bill, de son vrai nom William Cody (1846-1917), est une légende du Far West. Il participe aux guerres contre les Indiens puis est embauché par le Kansas Pacific Railroad pour chasser les bisons dont la viande est consommée par les ouvriers du chemin de fer, ce qui lui vaut son surnom de Buffalo Bill. De 1883 à 1912, il anime un gigantesque spectacle vivant, le Buffalo Bill’s West Show qui compte des centaines de figurants.

 


William Cody, affiche non datée (Gallica-BNF).

En 1889, William Cody et son spectacle effectuent une première tournée en Europe mais ne passent, à cette occasion, que dans les trois principales villes françaises : Paris, Lyon et Marseille. Une seconde tournée européenne, qui est présentée comme la dernière, débute à Londres. En 1905, c'est au tour de la France avec cette fois 120 villes visitées. Ainsi l’attraction est présentée à Reims du 11 au 13 juillet 1905, à Mézières le 14 juillet et à Sedan le 16 juillet. 


Le Buffalo Bill’s West Show est une énorme machine, avec 800 figurants et 500 chevaux. Pour la transporter, trois trains spéciaux sont nécessaires. Sur la soixantaine de wagons, il y a plusieurs wagons-lits, dont l'un réservé à William Cody qui comporte un véritable appartement.

 

 

 
Exemple de publicité parue dans la presse (coll.part).

Dans les jours qui précèdent l’arrivée de la troupe, une campagne de promotion à l’américaine est menée tambour battant avec la diffusion de milliers de programmes, des affiches géantes et des articles dans la presse locale, L’Eclaireur de l’Est pour Reims et Le Petit Ardennais pour Charleville Mézières et Sedan. 

Le jour prévu pour le spectacle, les installations nécessaires sont montées dans la matinée sur des terrains disponibles et libres de toute construction. A Reims on utilise le terrain de la Couture, à l’emplacement de l’actuel lycée Clemenceau. A Mézières, c'est la prairie du grand Pâquis, près du square Bayard, qui est choisie. Il y a deux représentations par jour, une matinée qui débute à 14h et une soirée qui commence à 20h. Pour cette dernière la piste est éclairée avec l’électricité que fournisent 3 dynamos. Il y a 8 000 places assises dont les tarifs varient d’un peu moins de 2 francs, pour les les plus modestes, à plus de 8 francs, pour les plus luxueuses installées dans des loges.



 

 


 Ces deux photographies ont été prises à Mézières le 14 juillet 1905 par le pharmacien de Maubert-Fontaine (Archives départementales des Ardennes).

 

 




 

 

 

 

 

 


  

 

 

 

(Images Gallica-BNF).

 

 

 


Le spectacle, d'abord distrayant, ne s'en veut pas moins pédagogique en présentant, comme l’écrit L’Eclaireur de l’Est, "un panorama parfait et des plus exacts de la science de la guerre, telle qu’elle est conduite dans la plupart des parties habitables du globe". Le mythe du Far West est mis en valeur avec de nombreux tableaux : l’attaque de la diligence, les danses de guerre des Indiens, l’attaque d’un convoi d’émigrants, la bataille de Little Big Horn et la mort du général Custer. Mais il y a aussi des démonstrations de cavaliers du monde entier : des cosaques du Caucase, des gauchos d’Argentine, des vaqueros mexicains et même des cavaliers chinois et japonais. Quant à Buffalo Bill lui-même, il apparaît peu dans le spectacle, sauf au début où il se présente et, par la suite, dans un numéro spectaculaire qui lui est réservé et où il effectue des tirs de précision monté sur un cheval au galop.


 


 








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