Charles Miroy est né à Mouzon dans les Ardennes le 24 novembre 1828. Devenu prêtre, Il a été nommé en 1868 curé de Cuchery et de Belval, deux petits villages d'agriculteurs et de vignerons dans la Montagne de Reims.
Charles Miroy est un homme simple, dévoué à ses paroissiens. Très patriote, il est affecté par la situation de la France qui ne peut que constater sa défaite dans le conflit qui l'oppose, depuis juillet 1870, aux états allemands sous la conduite de la Prusse.
L'abbé Miroy (Bibliothèque Carnegie).
Après la signature, en février 1871, d’un armistice avec les Allemands, ces derniers occupent notre région et imposent aux habitants de lourdes contraintes : impositions, prises d’otages, arrestations. Le lundi 6 février 1871, les Allemands sont justement à Cuchery pour y lever des impositions et, en fin de journée, ils se rendent à Belval pour y passer la nuit. Là, vers 11 heures du soir, des coups de feu éclatent mais sans faire aucun blessé. Furieux, les Allemands menacent d’incendier le village si les responsables ne se dénoncent pas. Affolés certains habitants se rendent alors à Cuchery réveiller l’abbé Miroy et lui demandent de venir à Belval pour intercéder auprès des Allemands. L’abbé accepte mais, arrivé à Belval, il est accusé par d’autres habitants d’avoir distribué des armes cachées dans la commune et d’être le chef des francs-tireurs de la région. Il est arrêté sur le champ.
Qu’en est-il dans la réalité ? Effectivement, de vieux fusils avaient été, à l’arrivée des Allemands, enterrés à Cuchery dans un champ. Par la suite, quelques habitants, inquiets de leur éventuelle détérioration, vont les déterrer et demander à l’abbé Miroy, de les cacher. Ce dernier accepte et les dissimule dans son église. Mais dans un aussi petit village, l’affaire est vite connue. Quelques temps plus tard les clefs de l’église sont volées et les fusils disparaissent mystérieusement. Quant à l'abbé il est menacé d'une dénonciation pour détention illégale d'armes de guerre. En fait derrière tout cela se trouvent le maire et son entourage, ennemis jurés du prêtre.
Une fois arrêté, au petit matin du 7 février 1871, l’abbé est amené à Cuchery puis le 8, il est emmené, à pied et les mains attachées, à Reims où il arrive le 9. Il est immédiatement enfermé à l’Hôtel de Ville. Le 11février se tient un conseil de guerre expéditif qui n’entend que deux témoins, le maire de Cuchery et un de ses amis, qui chargent le curé. Ce dernier est condamné à mort et il est exécuté au petit matin du 12 février contre le mur du cimetière du Nord, son corps étant ensuite jeté à la fosse commune.
Juste avant d'ordonner le tir, le chef du peloton d'exécution a tenu à serrer la main de l'abbé Miroy (Bibliothèque Carnegie).
Manifestement, le verdict et l’exécution ont été précipités par les Allemands pour court-circuiter de probables interventions du maire Simon Dauphinot et de l’archevêque Monseigneur Landriot qui ne seront informés de l’exécution que le lendemain. Le corps de l’abbé Miroy est rapidement extrait de la fosse commune par des employés du cimetière et, en juin 1871, une souscription est lancée pour édifier au cimetière du Nord un caveau surmonté d’une statue.
Réalisée par
le sculpteur
rémois René
de Saint-Marceaux et inaugurée
le 24 mai 1873, la
statue est un gisant en bronze de 2 mètres de long et de 0,80 mètre de
large. En 1918 la statue est provisoirement
évacuée à Dijon et ne revient à Reims qu’en 1922. De 1940 à
1944, le bronze est dissimulé dans une réserve municipale pour le
soustraire aux Allemands. En 2006, devant la multiplication des
vols de métal, il est transféré dans les réserves du musée des
Beaux-Arts et remplacé en 2018 par sa copie en résine, carte postale d'avant 1914 (Bibliothèque Carnegie).
En 2020 une copie identique en résine a été installée à Cuchery (journal L'Union).
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