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Histoire du Tour de France



 Publicité pour les cycles Alcyon, 1910 (Gallica-BNF).

 

Le Tour de France est incontestablement la course  cycliste la plus célèbre, non seulement en France mais dans le monde entier. L'épreuve est aujourd'hui diffusée dans 190 pays et elle arrive en troisième position pour l'audience, derrière les Jeux olympiques d'été et la Coupe du monde de football. 

 



Le tour de France n’est pourtant pas la première épreuve cycliste organisée en France puisque cette dernière est le Paris-Brest-Paris, apparu en 1891 et qui durera jusqu’au début des années 1930. La patisserie du même nom  a été créée dans les années 1900 pour célébrer cette course cycliste, ce qui explique sa forme de roue de vélo (photo extraite du Larousse gastronomique de 1938).



Départ du premier Tour de France (coll.part).

 

Le premier Tour de France s’élance le mercredi 1er Juillet 1903 un peu après 15 heures devant le « Réveil-matin », un café de la petite ville de Montgeron, à 20 kilomètres de Paris. Si les coureurs ne sont pas partis de Paris même c'est que les courses cyclistes y sont interdites. 60 coureurs, dont 12 étrangers, doivent parcourir presque 2 500 kilomètres de Paris à Paris en passant par Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Le 18 juillet 1903, seuls 26 coureurs sur les 60 du départ, terminent la course à Ville d’Avray à une dizaine de kilomètres de Paris. Le vainqueur de ce premier Tour de France, est Maurice Garin.

 

 

Maurice Garin, photographie de l'agence Rol, 1911 (Gallica-BNF).

 

La création de l’épreuve est due à Henri Desgranges, le directeur de L’Auto, un journal sportif fondé en 1900. 

 

Henri Desgranges (1865-1940), photographie de l'agence Rol, 1925 (Gallica-BNF).

 

En fait Henri Desgranges a repris l’idée que lui a suggérée un de ses journalistes, Géo Lefèvre, d’organiser une course cycliste à travers la France en plusieurs étapes séparées par des journées de repos

 

Le succès populaire du Tour de France est immédiat, ce qui va assurer sa pérennité. L’Auto triple ses ventes mais Henri Desgranges ne nourrit pas seulement des ambitions financières. Il veut, avec le Tour de France, faire mieux connaître la France aux Français à une époque où le patriotisme est à son zénith. Le Tour est, en quelque sorte, le pendant cycliste du célèbre livre de lecture pour l'école primaire, Le tour de France par deux enfants

 


 

Carte du tour de France organisé du 29 juin au 27 juillet 1913, éditée par le journal L'Auto  (Gallica-BNF).

 

Avec la Première Guerre mondiale, le Tour s’arrête et plusieurs de ses vainqueurs comme par exemple Lucien Petit-Breton, qui a gagné en 1907 et 1908, vont mourir au front.

 

Lucien Petit-Breton en 1912, photo de l'agence Meurisse (Gallica-BNF).

 

L’épreuve reprend dès 1919, année aussi où, pour la première fois, le coureur en tête du classement général revêt un maillot de couleur jaune, le jaune étant la couleur des pages de L’Auto. 

Dans l’Entre-deux-guerres, l’organisation du Tour devient plus structurée. Des équipes nationales qui représentent les grands pays européens sont mises en place. C’est aussi l’époque où apparaît la caravane publicitaire qui assure l’équilibre financier de l’épreuve.



 

 Véhicules de la caravane du Tour de France, milieu des années 1930 (photos Fondation Berliet).

 

 


 

L’audience du Tour s’accroît aussi avec les premiers reportages radio effectués en direct. En 1924, le célèbre journaliste Albert Londres, qui a suivi le Tour cette année-là, publie un livre resté célèbre Les forçats de la route. Il faut dire que dès le départ, le Tour de France a constitué une épreuve physique à nulle autre pareille. Certaines étapes se déroulent sur des routes non entretenues, et même parfois de nuit. Les vélos de l’époque pèsent une vingtaine de kilos, soit trois fois plus que les machines actuelles. Les cyclistes courant seuls, ils doivent se munir de pneus et de chambres à air de rechange en prévision des inévitables crevaisons. Comme le règlement leur interdit de se faire aider, ils doivent aussi réparer eux-mêmes leur vélo en cas de panne.  

La partie la plus dure est la haute montagne qui apparaît dès le Tour 1910 avec, dans les Pyrénées, l’étape Luchon-Bayonne par les cols du Tourmalet et de l’Aubisque. C’est si dur qu’à l’arrivée, le vainqueur, à bout de force, traite les organisateurs de « criminels ». En 1911 le Tour s'attaque aux Alpes avec, notamment, le col du Galibier. 

 

 


5 juillet 1922, Jean Alavoine dans la montée du col de l'Aubisque, photo agence Rol (Gallica-BNF).


 

Tour de France 1928, coureurs dans la montée du col d'Allos dans les Basses-Alpes [actuelles Alpes-de-Haute-Provence], photo agence Rol (Gallica-BNF).

 

Cet exercice physique pour le moins intense exige que les cyclistes absorbent beaucoup de glucides et de calories. Mais, comme à l'époque on ne se soucie guère des valeurs nutritionnelles, chacun fait à sa manière. Ainsi  Henri Cornet, le vainqueur de l'édition 1904, se concoctait un régime comprenant beaucoup de chocolat chaud, de thé, de riz au lait, mais aussi de champagne ! la consommation d'alcool est d'ailleurs un élément essentiel pour de nombreux coureurs, même pendant la course elle-même où certains n’hésitent pas à s’arrêter dans les cafés pour se ravitailler.

La Seconde Guerre mondiale interrompt le Tour qui ne reprend qu'en 1947 avec quelques changements dans son organisation. Henri Desgranges, mort en 1940, est remplacé à la direction du Tour par son adjoint Jacques Goddet. 

 


 Jacques Goddet (1905-2000), photo de 1962 (coll.part).

Le journal L’Auto, qui a continué à paraître sous l’occupation, est interdit à la Libération et remplacé par un nouveau quotidien L’Équipe. L’organisation du Tour lui est  confiée, ainsi qu’au Parisien Libéré, propriété du groupe de presse Amaury. Mais ce qui a surtout changé, c’est le contexte. Avec les Trente Glorieuses la France industrielle et urbaine s’impose de plus en plus face à la France traditionnelle et rurale. Le Tour de France ne peut pas rester imperméable à une mutation aussi considérable. On peut le contaster avec la passion qui, dans les années 1960, saisit les Français autour du duel entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor. Anquetil, c’est la France moderne, froide mais efficace, Poulidor c’est la France traditionnelle, à taille humaine, celle dont beaucoup de Français sont encore nostalgiques ce qui explique la popularité dont jouit Poulidor, l’éternel second, face à Anquetil qui le domine pourtant par les résultats.



  Raymond Poulidor (à droite sur la photo) et Jacques sur les pentes du Puy de Dôme lors du Tour 1964 (photo L’Équipe).

 

Cependant, le Tour s’adapte à tous ces changements d'autant que son rituel estival  coïncide avec la période des grandes vacances, maintenant accessibles à une majorité de Français. C’est le temps où les "juillettistes" vont voir passer les coureurs depuis leur tente de camping ou leur caravane. Le Tour est bien adapté aussi à la société de consommation avec sa caravane qui offre un support publicitaire sans égal aux produits dont les Français se dotent de plus en plus : frigos, machines à laver, téléviseurs, automobiles. 

 

 



27 juin 1966, la caravane publicitaire à Vihiers dans le Maine-et-Loire (Archives départementales du Maine-et-Loire).


véhicules de la caravane, années 1960-1970 (Fondation Berliet).



 


 

Significative de cette évolution est en 1961 la disparition des équipes nationales pour laisser place aux équipes de marques, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Enfin, si le Tour fait toujours l’objet d’articles de presse, les plus remarquables étant ceux d’Antoine Blondin, il est désormais massivement couvert par la télévision, ce qui accroît encore son audience.

 


13 juillet 1958, véhicules de la Radiodiffusion-Télévision française au Mont Ventoux (Archives INA).

Au début des années 1980, le Tour entre dans une période d’extension mondialisée et de forte croissance. Certes, depuis longtemps il y avait des coureurs étrangers sur le Tour de France mais il s’agissait de coureurs venus de pays voisins comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Espagne. Désormais les coureurs viennent de beaucoup plus loin, des anciens pays communistes d’Europe de l’Est, de Colombie, des États-Unis. En 1986, pour la première fois, le vainqueur, l’américain Greg Lemond, n’est pas issu d’un pays européen. Cet élargissement est d’ailleurs l’une des causes, même si c’est loin d’être la seule, de l’affaiblissement de la position des coureurs français, (la moitié des vainqueurs de 1903 à 1947 sont des Français contre aucun de 1985 à aujourd’hui).

Le Tour de France renforce ainsi sa position de référence du cyclisme mondial malgré la concurrence d’autres grandes épreuves comme le Giro italien, né en 1909, ou la Vuelta espagnole apparue en 1935. Les droits télévisés et les recettes publicitaires explosent. Le Tour devient une véritable entreprise. Mais les révélations sur l’importance du dopage à la fin des années 1990 vont lui porter un coup sévère.


En réalité, les pratiques de dopage existent dans le Tour de France depuis le début. Ainsi, en 1924, les frères Pélissier confient à Albert Londres que des coureurs utilisent, pour tenir, certains produits, notamment de la cocaïne

 



Les frères Pélissier (de gauche à droite, Francis, Henri et Charles) en 1925, photo de l'agence Rol (Gallica-BNF).

 

Des années 1950 aux années 1970, l’utilisation des amphétamines est courante et plus ou moins justifiée par beaucoup de coureurs, dont Jacques Anquetil, par la nécessité de faire face aux conditions extrêmes de la course

 


 Tom Simpson en plein effort peu avant sa mort (Archives INA).

La mort de l’anglais Tom Simpson en 1967 sur la montée du Mont Ventoux, même si elle n’est pas exclusivement due aux amphétamines, est un signal d’alarme. Pourtant, c’est seulement en 1998, avec l’affaire Festina, que l’on prend réellement conscience de la pratique généralisée du dopage. L’image du Tour continue ensuite dans les années suivantes d’être ternie par une série de scandales retentissants qui se succèdent avec, en point d’orgue, les aveux de Lance Amstrong qui se voit retirer les sept victoires qu’il a remportées entre 1999 et 2005. Depuis cette période et malgré des efforts accrus de contrôle qui, cependant, n’arrivent pas toujours à détecter des pratiques illégales de plus en plus sophistiquées, il faut bien reconnaître que la crédibilité du Tour de France reste fragile.



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