Portrait d'Adrien-Joseph Havé, dessin (Musées de Reims).
Adrien-Joseph Havé naît le 4 septembre 1739 à Romain, près de Fismes. Il fait de solides études classiques avant de suivre les cours de droit de l'Université de Reims. En 1762, il devient avocat au Parlement de Paris. Il est ensuite, de 1766 à 1771, secrétaire de Marin, un collaborateur du lieutenant général de Police, Antoine de Sartine.
Il rentre à Reims en 1771 pour y créer le premier journal d’annonces et d’informations locales qui ait existé dans la ville. Le premier numéro paraît le 6 janvier 1772 sous l’intitulé Affiches, annonces et avis divers de Reims et généralité de Champagne. Il s’agit d’un hebdomadaire de 8 pages de petites dimensions, en gros un A4 d’aujourd’hui.
Le journal va se maintenir plus de 30 ans puisque son dernier numéro est daté du 27 avril 1805, quelques mois après le couronnement de Napoléon. Il paraît donc dans une période pour le moins agitée de l'histoire de France. Durant ces trois décennies, le journal change d'intitulé à de nombreuses reprises, suivant les régimes et les nécessités du moment : il prend le titre de Journal de Champagne puis de Journal général des départements de la Marne, de la Haute-Marne, de l'Aube et des Ardennes et enfin de Journal de Reims et du département de la Marne. Mais, fondamentalement, le nom d’Affiches de Reims lui reste attaché.
On y trouve quantité de renseignements sur des sujets très variés car Adrien-Joseph Havé est un esprit universel. En plus de l'histoire locale et régionale qu'il connaît très bien, il s'intéresse à la littérature, à l'archéologie, à l'économie politique.
Sous la Révolution, Adrien-Joseph Havé est soupçonné de ne pas être un révolutionnaire très fervent, ce qui d'ailleurs n'est pas faux, et il se trouve emprisonné durant six mois pendant lesquels il est remplacé au journal par un collaborateur. Cependant, malgré la longévité de son journal, Adrien-Joseph Havé n'a jamais réussi à lui donner l'ampleur qu'il souhaitait et le nombre d’abonnés ne semble pas avoir dépassé le nombre de 300 même si le lectorat réel doit être largement supérieur car, comme il s'en plaint d'ailleurs pour le manque-à-gagner que cela entraîne pour lui, beaucoup de ces abonnés prêtent ensuite leur exemplaire à d'autres personnes. Son journal arrêté, Adrien-Joseph Havé reprend, de 1805 à 1810, une activité juridique comme juge suppléant au Tribunal civil de Reims.
Adrien-Joseph
Havé est aussi un bibliophile averti qui va militer pour la création d'une bibliothèque publique à Reims. En 1773, il
adresse au Conseil de Ville un
mémoire proposant de réunir
la Bibliothèque
des Jésuites - qu’il avait
lui même
inventoriée en 1762, à la demande du procureur au bailliage de Reims, après le bannissement de cette congrégation et celle
léguée à la Ville par l'abbé Pluche. Mais sa proposition n'est pas suivie. C'est seulement en 1805 que le maire, Jacques Quentin Tronsson-Lecomte, le charge de recenser
tous les ouvrages issus des saisies révolutionnaires
dans le but d'ouvrir une bibliothèque municipale. Celle-ci est installée au premier étage de
l'Hôtel de Ville mais
Adrien-Joseph Havé a la grande déception de ne pas être choisi
pour le poste de bibliothécaire qui est confié à Charles Siret. Adrien-Joseph Havé consacre alors la fin de sa vie à
constituer une importante
bibliothèque personnelle sur l'histoire de Reims. Il décède le 8 juillet 1817 à Reims.
Né à Reims en 1760, Charles Siret est maître de pension jusqu’en 1806, date à laquelle il est nommé bibliothécaire de la ville de Reims. Cette fonction étant très peu rémunérée, il la cumule, à partir de 1812, avec un poste de professeur au lycée de Reims. Il est par la suite censeur de ce même lycée et meurt en fonction en 1838. Il est l’auteur d’un Abrégé de l’histoire grecque qui rencontre un grand succès tout au long du XIXe siècle, portrait (Bibliothèque municipale de Reims).
Dans une certaine mesure le journal d'Adrien- Joseph a eu une postérité avec un descendant lointain, les Petites Affiches Matot-Braine fondées en 1892.
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